Florent Perraud:«L’UNFP s’impose à nous, footballeurs!»

Posté le 07.02.2017 à 17h00

Depuis avril dernier, Florent Perraud, 34 ans, est de retour au DFCO, club où il a évolué entre 2004 et 2009, puis entre 2013 et 2015. Mais il a troqué son costume de gardien contre celui de salarié du service commercial. Retour sur un de parcours de reconversion, entamé à l’aube de ses 24 ans avec l’aide d’Europ Sports Reconversion…

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Florent, à quel moment as-tu commencé à te préoccuper de ton après-carrière ?

Relativement assez tôt, car j’avais conscience de la fragilité d’une carrière professionnelle. Une blessure, une fin de contrat, le chômage, tout peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. Dès le centre de formation à Saint-Etienne, j’assistais régulièrement aux réunions organisées par l’équipe d’Europ Sports Reconversion dans le vestiaire. J’ai naturellement contacté Jacques Glassmann pour voir ce que l’on pouvait mettre en place. J’avais 24 ans, et c’est probablement l’une des meilleures décisions que j’ai prise dans ma carrière…

Pourquoi ?

Jacques m’a d’abord énormément rassuré. A 24 ans, je n’avais pas encore de projet précis pour ma reconversion. J’étais motivé pour me former, mais je ne savais pas ni comment, ni pour quel objectif précis. Mais pour lui, cela n’était pas un problème, je ne devais pas m’en soucier plus que cela. Il a en revanche insisté sur l’importance de se construire un réseau, de travailler mon relationnel, de créer des jalons entre le monde du football et de l’entreprise, et que, forcément à la fin de ma carrière, j’en retirerai des bénéfices et aurai des opportunités. C’était la clé… Il avait raison !

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L’entretien individuel a été le point de départ…

Ça a été assez poussé. Nous avons passé en revue ma scolarité, ma personnalité, mon parcours dans le football, mes points forts, mes faiblesses, mes qualités, mes défauts, mes envies, ma manière de fonctionner etc. Nous avons ensuite bâti un plan de formation, qui correspondait parfaitement à mon tempérament.

J’imagine qu’il a été également adapté à ton métier de footballeur ?

Complètement. Je ne voulais pas retourner sur les bancs de l’école et je ne voulais pas que les formations soient un frein à ma carrière professionnelle. J’ai parfaitement pu concilier les deux. Je travaillais le soir une fois mes enfants couchés, ou à l’hôtel pendant les déplacements. Je voulais être assez libre et autonome dans ce processus de formation. L’équipe d’ESR a réussi à chaque fois à trouver ce qui correspondait le mieux à ce que je recherchais.

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Retour aux sources…

Et que recherchais-tu ?

Je me suis d’abord remis à niveau sur l’informatique, puis j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, j’ai ensuite fait du management d’entreprise et enfin de l’immobilier. Ces formations ont été un formidable tremplin. J’ai eu plusieurs opportunités au moment de raccrocher les crampons. Mais mon choix a été assez facile à faire.

Qu’est-ce qui a fait la différence ?

La passion évidemment. Le DFCO, c’était la possibilité de rester dans mon domaine de prédilection, de vendre du football en transmettant ma passion. C’est un club en plein essor, tous les voyants sont au vert, et je connais parfaitement la maison. J’ai estimé que c’était une vraie belle opportunité que je ne pouvais pas rater. Et puis, la transition entre le terrain et les bureaux s’est faite naturellement, c’était moins compliqué que de changer de secteur d’activité ou de partir totalement dans l’inconnu.

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« Une aventure humaine passionnante ! »

Le service commercial du DFCO, c’est quand même un autre monde pour le joueur que tu étais…

J’ai troqué ma panoplie de gardien pour un costume cravate (rires). Plus sérieusement, mon travail consiste à trouver des partenaires et des entreprises pour du sponsoring, de commercialiser les panneaux publicitaires, les places VIP, de gérer également l’événementiel lors des matches, la réception de nos partenaires ou des politiques. C’est beaucoup de responsabilités, de travail et une aventure humaine passionnante à vivre au quotidien.

Tu découvres finalement l’envers du décor d’un club de football…

Un club est un gros paquebot. Quand on porte des crampons et des gants dans mon cas, on est focalisé sur la performance individuelle et collective, mais on ne se rend pas compte de la structure d’un club, des hommes et des femmes, qui font tourner une entreprise avec un budget de 26 millions d’euros en ce qui concerne Dijon. On forme une grande équipe. A mon niveau, j’ai la chance d’être encadré par le service commercial du club, qui m’aide à progresser tous les jours.

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Ton passé sur les terrains t’aide dans ton nouveau métier, ne serait-ce que pour transmettre la passion du football…

Effectivement, les interlocuteurs sont très attentifs et friands de nos échanges.  Je peux leur transmettre et leur faire ressentir ce que les joueurs réalisent sur le terrain. On revient sur certaines époques vécues par le DFCO, sur certains matches, on évoque des souvenirs communs. Après, ce n’est pas parce qu’une entreprise discute avec Florent Perraud qu’elle va obligatoirement signer un contrat, mais cette proximité va rendre le contact et la relation plus faciles. C’est le cœur de mon activité aujourd’hui. Je n’ai pas forcé ma nature de ce côté-là. Quand j’étais pro, je n’avais aucun mal à aller discuter dans les salons avec les partenaires ou avec les supporters.

Est-ce que tu sensibilises les jeunes joueurs du DFCO sur l’après-football ?

J’en discute beaucoup avec eux car c’est un sujet qui me tient à cœur. J’ai été délégué club de l’UNFP tout au long de ma carrière. Cela a commencé à Saint-Etienne, alors que j’avais 18 ans à peine. Philippe Flucklinger, en bon gardien de but qu’il a été, m’a transmis la flamme. Je continue de relayer le message du syndicat aux jeunes du DFCO. Ils doivent prendre conscience que l’UNFP est quelque chose qui n’est pas imposée, mais qui s’impose à eux.

Mieux vaut donc se protéger…

Le football est un milieu très difficile. Un bon nombre de personnes nocives et mal intentionnées rôdent autour des joueurs. L’UNFP est là simplement pour les aider, sans aucune autre arrière-pensée. Les aînés transmettent leur expérience. Ce n’est pas une entité de plus qui te sollicite comme les autres. Le syndicat te suivra toute ta carrière, du début à la fin, que tu sois dans la réussite ou dans l’échec. C’est une grande force, une grande chance pour les footballeurs.

C’est au début de ta carrière justement que l’UNFP a été d’une grande aide pour toi…

Si j’ai été professionnel, je le dois en grande partie à l’UNFP. Je me suis retrouvé au chômage, à 22 ans… L’UNFP, sous l’impulsion de René Charrier, a pris les choses en main et j’ai pu signer pro à Dijon. Si le syndicat n’avait pas été là, ma carrière aurait sans doute pris un tournant différent.

Le terrain d’entraînement des pros est situé juste derrière ton bureau. Cela ne te démange pas de remettre les gants ?

Bien sûr, cela me démange souvent. La semaine, on a beaucoup de rendez-vous à l’extérieur, c’est moins tentant. C’est essentiellement l’adrénaline du week-end qui me manque, de ne plus ressentir cette boule au ventre quand tu prépares un match de haut niveau. Il faut savoir tourner une page. J’ai vécu de grandes émotions pendant 15 ans. Aujourd’hui,  j’ai la chance de me lever et de me dire que je vais continuer à vivre du football, de manière différente.  J’ouvre un nouveau chapitre de ma vie et j’espère que les 15 prochaines années seront aussi belles et intenses que les précédentes. »

Recueillis par Philippe Rossi

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