« On a des devoirs, mais on a aussi des droits », Quentin Bernard

Posté le 13.04.2017 à 16h36

Nos confrères de Ouest-France ont réalisé un entretien croisé entre Bruno Grougi et Quentin Bernard, les deux joueurs du Stade Brestois, qui reviennent sur leur rôle de délégué UNFP au sein du vestiaire finistérien….

« Délégué UNFP, depuis quand ?

Quentin Bernard : Depuis 2007. À l’époque, je n’avais que 18 ans, j’étais stagiaire à Niort. Un peu avant, j’avais découvert le groupe pro avec notamment Malik Couturier (actuel trésorier-adjoint de l’UNFP) et Fabien Safanjon (vice-président et représentant de la zone Ouest). Ils en discutaient souvent dans le vestiaire et j’ai été éduqué très tôt avec l’UNFP.

Souvent, les joueurs ne sont pas délégués parce que ça leur prend un peu de temps et ça les ennuie plus qu’autre chose. Il faut dire aux jeunes que c’est important, dès le plus jeune âge, d’adhérer. On dit beaucoup que les footballeurs ont des devoirs, mais on a aussi des droits.

Quentin Bernard

Bruno Grougi : Cela fait maintenant trois ans. Au début de ma carrière, j’avais plein de questions. Déjà, est-ce que je suis bien conseillé ? Parce que tu as tellement d’agents dans le métier… Est-ce qu’il fait bien son boulot ? Est-ce que je suis bien assuré ?

Leur rôle auprès des autres joueurs professionnels

BG : Honnêtement, il est assez simple, c’est un rôle de relais. On a des délégués qui sont présents à Brest quasiment une fois par mois, voire un peu plus quand ça sourit. Toutes les réunions entre les grands boss, ils viennent nous en faire part. Pour nous, c’est vraiment relayer les infos, mettre en contact tel ou tel joueur. Si demain, un joueur a besoin de conseil sur l’assurance, la reconversion, le management, on essaie de l’aiguiller. C’est un rôle que j’adore.

QB : J’avais eu un litige avec mon ancien agent et l’UNFP fait tout pour défendre l’intérêt du joueur, qu’il y ait litige ou pas, d’ailleurs. Ils nous permettent d’être assurés, ils nous donnent le pouvoir de faire des études pendant notre carrière, ils nous aident aussi dans la reconversion et la gestion du patrimoine. C’est un syndicat qui a plusieurs casquettes et qui nous permet, dans notre carrière, de ne penser qu’au football, entre-guillemets.

Le pouvoir de l’UNFP

BG : C’est plus un syndicat d’aide, de conseils d’orientation. Il n’y a que des joueurs ou anciens joueurs qui ont été à notre place et qui connaissent nos besoins. On va plus être dans l’entraide que dans la revendication.

QB : L’UNFP fait partie du Comité directeur de la Ligue de football professionnel. Quand il y a des lois que la Ligue ou la Fédération veulent faire passer, l’UNFP a toujours son mot à dire. Il y a trois ou quatre saisons, on avait failli annuler des journées de championnat parce que les clubs voulaient se donner le pouvoir de transférer un joueur sans son accord. Aujourd’hui, je ne vais pas dire qu’elle est aussi puissante que les gros clubs, mais quand l’UNFP ne donne pas son accord, il n’y a aucune loi ou règle qui peut être validée.

Bruno Grougi

La demande des joueurs

BG : Il y en a beaucoup plus qu’avant. Je crois qu’aujourd’hui, on arrive à 97 % de joueurs adhérents, sachant que l’adhésion n’est pas obligatoire, c’est une démarche du joueur du joueur vers le syndicat. Au PSG, il y a beaucoup de joueurs étrangers et ils sont à 100 %.

QB : C’est une statistique véridique : à la fin de sa carrière, un footballeur sur deux est ruiné ou presque. C’est important de dire qu’il faut bien gérer son argent. Les carrières sont courtes. On a tendance à gagner pas mal d’argent rapidement mais ça s’arrête tout aussi vite. Quand on commence à gagner un peu d’argent, adhérer à l’UNFP ou s’assurer, les jeunes n’y pensent pas forcément. Mais c’est quand il nous arrive un pépin qu’on voit que c’est important. Là-dessus, il faut conseiller les joueurs.

La difficulté de s’investir pour les joueurs retraités

BG : Au contraire, ce sont des gens qui ont une grosse expérience. Mickaël Landreau est impliqué dans les finances du syndicat, il est très présent. Jean-Alain Boumsong nous représente encore alors qu’il n’est plus joueur.

QB : Pour l’instant, il y a encore des plus anciens. Peut-être que par la suite, c’est un rôle qui me tiendra à cœur, pour essayer de donner une image positive du footballeur. Aujourd’hui, ce n’est pas forcément le cas. Il faudrait faire changer les mœurs petit à petit, ça serait bien. »

Recueilli par David GUÉZENNEC et Pierre LE GALL pour Ouest-France

Crédits photo : Ouest-France / DPPI

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