Kastendeuch: «Griezmann est plus riche aujourd’hui !»

Posté le 06.06.2017 à 19h17

La décision prise par Antoine Griezmann de rester au moins une saison de plus à l’Atletico Madrid puisque le club espagnol est frappé d’une sanction lui interdisant de recruter l’été prochain, conforte l’UNFP sur les valeurs portées par les footballeurs professionnels, à l’opposé des clichés, qui renvoient d’eux une image trop souvent négative. Coprésident de l’UNFP, Sylvain Kastendeuch ne s’y est pas trompé, qui voit dans le sacré coup du Grizou, un exemple de plus à ajouter à la campagne C’est vrai, lancée le mois dernier par le syndicat français, et qui entend revaloriser, justement, l’image du bipède à crampons…

 

« Sylvain, Antoine Griezmann aurait très bien pu figurer sur la vidéo « C’est vrai » car il incarne parfaitement les valeurs d’une profession pourtant décriée et que vous êtes décidés, au sein de l’UNFP, à mettre en évidence…

Il y a plusieurs niveaux de lecture à la décision prise par Antoine Griezmann, mais toutes renvoient à l’image que nous, à l’UNFP, nous connaissons des footballeurs, aux valeurs qui sont les leurs, faites notamment de solidarité, de respect, d’identité, d’entraide, de fidélité, ce que l’on appelle vulgairement l’amour du maillot dans notre sport. Le plus significatif à mes yeux, c’est que l’international français a 26 ans, qu’il est au tournant de sa carrière, qu’on lui promettait un contrat important et qu’il n’a pourtant pas hésité à rester au service de son club, alors que la solution de facilité aurait été de répondre favorablement aux offres qui lui ont été faites, notamment celle de Manchester United qu’il avait lui-même évoquée. Il n’a pas voulu quitter le navire, il a, au contraire, voulu rester à bord, prendre la barre pour mener l’Atletico vers des eaux plus calmes avant de continuer son chemin dans un an. Ou pas d’ailleurs…

 

Il a pris un risque.

Le risque fait partie intégrante du métier du footballeur, on se met chaque jour en danger. Antoine a fait un choix, le choix du cœur ou le choix de la raison, qu’importe ! Il a décidé d’aider son club, il a d’abord pensé aux autres plutôt que de penser à lui. Il s’est mis au service du collectif comme doit le faire tout bon footballeur sur le terrain. C’est cette attitude, simple, vraie, qu’il faut retenir plutôt que de mettre en avant l’argent que le joueur aurait perdu et qu’il ne retrouvera peut-être jamais. Moi, je pense qu’Antoine est plus riche aujourd’hui, mais cette richesse-là ne se mesure pas en argent sonnant et trébuchant…

 

C’est un exemple ?

Pour qui ? Pour quoi ? Son action est exemplaire, oui, ce qui n’est pas la même chose. Il n’existe pas deux situations identiques en matière de transfert, de carrière car de nombreux paramètres ont également dû entrer en ligne de compte lorsque l’ancien joueur de la Real Sociedad a pris sa décision. Et l’on peut penser ainsi que la Coupe du monde 2018 a certainement pesé aussi dans sa décision. Antoine n’est pas plus un exemple aujourd’hui qu’il ne l’était, il y a quelques années, quand il était montré du doigt pour une erreur de jeunesse parce qu’on avait décidé, justement, d’oublier que le procès à charge était mené contre de très jeunes joueurs. Aujourd’hui, comme hier, je ne pense pas qu’il ait agi pour se donner en spectacle, pour que l’on voit en lui une autre personne que celle qu’il est vraiment. Mais il ne faut pas pour autant oublier la force de son engagement, la valeur de son geste, le poids de la décision qu’il a prise. Si elle peut donner à d’autres des idées, c’est tant mieux, mais je ne pense pas qu’Antoine ait pensé à cela. Il a simplement fait preuve de reconnaissance et d’une certaine forme de respect envers son club, ses coéquipiers, ses entraîneurs, les salariés, les supporters. Il a agi, il a réagi face à une certaine situation. J’ai entendu dire qu’il se mettait en danger, mais au niveau qui, aujourd’hui, est le sien, il est perpétuellement en danger, épié, critiqué…

 

Comme il le sera demain si finalement son club lui demande de partir car sa valeur est celle des plus grands.

Pourtant, cette décision ne lui appartiendra pas. Lui a clairement dit qu’il voulait rester à l’Atletico, il en a expliqué les raisons. Elles vont, aujourd’hui, dans le sens de son club, mais le vent peut tourner, et les impératifs financiers lui arracher sa tunique rouge et blanche… »