Quand Grall enquête…

Posté le 21.07.2017 à 17h25

Mickaël Grall est écrivain. Dans Ventre mou, son dernier ouvrage (Hachette Pratique), il donne la parole à un footballeur, qui n’use pas de l’anonymat qu’il a souhaité conserver, pour abuser des clichés qui font de la plus grande majorité des footballeurs ce qu’ils ne sont pas, n’ont jamais été et ne seront jamais. On ne parle pas d’argent facile, de grosses voitures, de caprices de stars, de sexe et de paradis fiscaux, pas plus de médiatisation poussée à son paroxysme et du reste. On parle du métier de footballeur, celui pratiqué par 95% des membres d’une profession qui, « sont exaspérés par leur image », comme le déclare Mickaël Grall au Figaro.

Lire ici l’interview de Mickaël Grall.

Mickaël Grall

Mickaël Grall

 

Il faut mettre et le livre et l’interview de Mickaël Grall en perspective avec plusieurs actions qui, ces dernières semaines, permettent également, justement, de regarder les footballeurs d’une façon autre, la bonne, totalement à l’opposé de celle qui leur colle aux crampons, en France, depuis bientôt vingt ans et plus fortement encore avec la révolution engendrée par les réseaux sociaux, démultipliant – sans garde-fous aucun ou presque – les canaux de l’information, à portée de Smartphone…

Alors qu’en cette période estivale, le grand public ne sait plus si Verratti jouera au Real Madrid, Mbappé dans un club chinois et Neymar à Amiens grâce à Emmanuel Macron, c’est comme si les joueurs, souvent critiqués pour ce qu’ils ne sont pas, avaient décidé – sans pourtant se concerter – qu’il était temps de faire savoir ce qu’ils font, qui ils sont vraiment et comment, au quotidien, ils font avancer la société dans laquelle ils vivent et travaillent, et pour laquelle ils se passionnent, se livrent, donnent de leur temps, quand ce n’est pas de leur argent, ou simplement savent tendre la main ou sourire à l’autre, prennent le temps de lui parler, de l’écouter.

La multiplication des actes ou des déclarations, que la presse – et c’est une excellente chose ! – n’hésite plus désormais à mettre en évidence comme en témoigne le dernier édito de France Football, montre un autre visage du footballeur en l’inscrivant, comme en écho à la volonté affichée en France par l’UNFP, au cœur de la société civile. A la place qu’il a toujours occupée d’ailleurs, mais qu’on ne lui reconnaissait pas…

 

Les joueurs de l'Athletic Bilbao: une vidéo et des photos partagés dans le monde entier...

Les joueurs de l’Athletic Bilbao: une vidéo et des photos partagés dans le monde entier…

 

Que ce soit les footballeurs de Bilbao, qui se rasent la tête par solidarité envers un des leurs luttant contre le cancer et que les traitements ont rendu chauve, que ce soit le message touchant, poignant, humain pour tout dire et dire vrai, de Jermain Defoe à la suite du décès d’un supporter de six ans qu’il avait pris en amitié, emporté par cette même et terrible maladie, les footballeurs témoignent, parce que leurs actions sont relayées, des valeurs qui sont les leurs, depuis toujours.

Si les deux exemples suscités nous viennent de l’étranger, les footballeurs, en France, ne sont évidemment pas en reste. C’est parce qu’elle en a mesuré l’exacte dimension, grâce à sa proximité avec les joueurs et pour avoir entendu leur ras-le-bol devant cette image négative qui leur colle à la peau plus encore que leur maillot, que l’UNFP s’est lancée dans une véritable croisade parce qu’il ne suffit plus d’affirmer que le footballeur est un salarié comme un autre, il faut que l’on reconnaisse en lui l’homme, le citoyen, le voisin, l’ami.

La vidéo C’est vrai, dévoilée en mai dernier, est la première pierre à un édifice, qui, dans les prochains mois, va se construire, se consolider, s’élever au-dessus des critiques, d’autant plus aisément qu’elles ne sont pas fondées, et que la réalité – pour ne pas dire la vérité – finit toujours pas s’imposer. Parce que, pour que le football continue à être une fête – et une activité commerciale aussi, nous le savons -, il a besoin de toutes ses forces vives, besoin de tous ceux qui participent à faire de lui le plus beau, le plus grand, le plus populaire des sports.

L’image des supporters de l’Ajax Amsterdam, massés devant l’hôpital où venait d’être admis un des joueurs du plus grand club néerlandais, victime d’un malaise cardiaque qui a provoqué des lésions cérébrales que l’on déclare irréversibles, est de la même veine. Leur chant, chargé d’émotion vraie, de sentiments profonds, faisait écho à ceux des vrais supporters, qui, dans les stades, ne prônent ni la haine de l’autre, ni la violence, ni le racisme, mais disent l’amour de leur club, le bonheur d’être dans un stade, la joie d’être réunis pour un spectacle à nul autre pareil.

Ce qui n’empêchera jamais qu’il y ait des vainqueurs et des vaincus, des rires et des larmes, des fautes et des erreurs, des joueurs que l’on aime et d’autres que l’on déteste, parfois même sans savoir pourquoi, des arbitres comme autant de victimes expiatoires souvent, des critiques et des discussions à n’en plus finir, des articles que l’on partage, des vidéos que l’on regarde des milliers de fois, des interviews qui deviennent des tubes.

Parce que c’est vrai, c’est aussi ça le football !