Piat: « Il est temps de siffler la fin du match ! »

Posté le 24.08.2017 à 17h17

Au lendemain de la prise de position de l’UNFP concernant ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Neymar, Philippe Piat, président du syndicat français et du syndicat international des footballeurs, assure le Brésilien du total soutien de la FIFPro…

« Comme il peut compter sur l’UNFP, Neymar pourra s’appuyer sur la FIFPro s’il le souhaite. Ce qu’il faut que les gens comprennent, y compris d’ailleurs à l’intérieur de l’écosystème du football, c’est que l’occasion est belle, à travers le cas du néo-Parisien, de dénoncer une fois encore le système des transferts dont l’absurdité ne peut plus échapper aujourd’hui à personne. Mais le plus drôle dans l’histoire, si je peux m’exprimer ainsi, c’est que ce sont ceux qui profitent de ce système – après l’avoir détourné à leur seul profit avec la complicité de la Fifa -, qui aujourd’hui veulent lui tordre le cou. Les dirigeants du FC Barcelone, en la matière, réagissent comme l’ensemble de leurs collègues dès lors qu’ils se font prendre à leur propre jeu. Et voilà donc que l’arroseur arrosé s’en prend au système qu’il a lui-même dévoyé ! »

Et d’envoyer un message clair et net à ceux qui peuvent, plutôt qui doivent, sortir de leur léthargie ou de leur complaisante complicité, c’est selon, pour reformer un système contre lequel le syndical international des footballeurs a déposé plainte auprès de la Commission Européenne en septembre 2015 :

« Il est temps que la Fifa arrête de soutenir ce système au seul profit des plus grands clubs. C’est de la concurrence déloyale au niveau du marché de l’emploi car cette situation de monopole permet toujours aux mêmes d’attirer les meilleurs joueurs. Et si cela restreint fortement la liberté contractuelle des joueurs, elle s’attaque dans le même temps à leur liberté de circulation, ce qui aurait dû, depuis belle lurette, alerter la Commission européenne et la faire réagir. Le cas de Neymar est symptomatique du dérèglement du marché engendré par ce seul système. Même si les sommes sont ici démesurées, la clause libératoire – dite clause espagnole – et le comportement du club catalan en aval du transfert montrent que même les grands joueurs éprouvent les pires difficultés à jouer là où ils le veulent. Alors imaginez un peu les pressions, les coups tordus, les menaces – parfois physiques comme nous l’avons démontré lors de la parution de notre Livre noir en 2012 déjà, ou l’an passé encore avec notre enquête sur les conditions de travail des footballeurs dans le monde – que peuvent rencontrer la plus grande majorité des joueurs, qui ne jouissent pas de surcroît de l’exposition médiatique de Neymar !

« Voilà la réalité de ce système que le FC Barcelone semble découvrir, alors qu’il en use et en abuse comme les autres ! Des arrangements inavouables, des clauses déraisonnables ou intimidantes pour empêcher les grands joueurs – 2% de la population totale, faut-il le rappeler ? – de partir, et ce sont les mêmes méthodes qui sont appliquées contre la plus grande majorité des footballeurs dans le monde… Et qu’importe alors que ces mêmes joueurs courent, non pas après la fortune, mais après de quoi nourrir leur famille quand on daigne leur verser un salaire !

« Plus que jamais maintenant, la Fifa et la Commission européenne doivent prendre leurs responsabilités. Nous, nous prendrons les nôtres, quitte à accompagner Neymar devant les tribunaux dans l’intérêt de tous les footballeurs. Il est temps de siffler la fin du match ! Il est temps de réformer le système des transferts, comme nous le demandons depuis de nombreuses années. Mais attention, nous ne continuerons pas longtemps à prêcher ainsi dans le désert, que ce soit contre le système des transferts ou contre le non-paiement des salaires qui frappe plus de 50 pour cent des joueurs dans le monde… »

A bon entendeur, salut…

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