F comme Football, famille, fratrie…

Posté le 05.02.2019 à 16h20

Ce mercredi, le club de Vitré (National 2) accueille Lyon Duchère (National) pour une place historique en quarts de finale de la Coupe de France. Vitré, c’est aussi une belle histoire de famille pour les Sorin.

Depuis trois saisons, les frangins Arthur (33 ans) et Eliott (25 ans) évoluent sous les ordres leur père Michel, ancien joueur professionnel, passé notamment par Rennes et Laval.

Une passion qui se partage en famille, puisque si elle n’évolue pas sur les terrains, Charlie, troisième membre de la fratrie, est juriste à l’UNFP. C’est elle qui nous fait découvrir cette famille pas tout à fait comme les autres…

Crédit photo Le Télégramme

 

Le football, c’est définitivement une histoire de famille chez les Sorin ?

Une grande histoire de famille ! Mes grands-parents étaient déjà footballeurs à l’époque ! J’ai grandi avec le foot, je me suis construit avec la carrière de papa et mes deux frères ont pris le relais. Ma mère aime ce sport et elle était déjà une grande passionnée avant même de rencontrer mon père ; et heureusement pour elle ! Moi aussi, j’adore ce sport. C’est définitivement le football qui rythme chacune de nos vies dans la famille !

Tu es passionnée depuis ta petite enfance ?

Aussi loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours adoré le football. On s’est souvent moqué de moi parce que petite, quand on recevait France Foot le mardi, je passais mon temps à l’éplucher. Je connaissais tout par cœur, les résultats, les classements, les équipes, les joueurs, j’étais incollable. Avec mes frères, on suivait bien sûr la carrière de notre père sur les terrains comme joueur, puis après comme entraîneur, mais on s’intéressait tout autant à l’environnement du football, à ce qui se passait autour. On a grandi et on s’est construit avec cette passion.

Quel est le souvenir qui t’as le plus marquée ?

Je n’ai pas un souvenir précis. Papa a arrêté sa carrière quand j’avais à peine une dizaine d’années. Je me revois avec maman dans les tribunes du stade de la route de Lorient quand il jouait pour Rennes. Je devais avoir entre 6 et 10 ans.

Je me souviens aussi de certains soirs de matches : on habitait à quelques encablures du stade, et quand nous n’étions pas dans les tribunes, une baby-sitter venait nous garder à la maison. On jouait au foot dans le jardin avec mes frères et l’on entendait l’ambiance du stade. Du coup, on suivait l’évolution du score entre les applaudissements et les sifflets. On vivait les matches à fond, on vivait au rythme du football…

Les joueurs de Vitré – Crédit photo : Le Télégramme

 

Et cela se ressentait de quelle façon ?

C’était une ambiance au quotidien, difficile d’en extraire quelque chose en particulier…

Allez, un exemple…

Une tradition, plutôt, qui m’a marquée. Il n’y avait pas encore de mises au vert systématique comme aujourd’hui. Notre grand rituel les veilles de match, c’était le plat de pâtes à la carbonara, cuisiné spécialement pour papa au départ, mais que nous avons tous fini par partager avec lui  à chaque fois. Je sais ce que je vais manger mardi soir ! (rires)…

Te souviens-tu de moments plus difficiles liés la carrière de ton père ?

Rien de particulièrement douloureux. Je me souviens en revanche d’une copine de classe, qui était la fille du gardien de but du Stade Rennais. Tous les lundis, si son père avait eu un match difficile ou avait encaissé des buts, elle devait faire face à une ribambelle de remarques, parfois très dures. Ce n’était vraiment pas facile à vivre pour elle.

« A l’UNFP depuis 2008… »

 Tu as suivi la lignée familiale, puisque tu travailles dans le milieu du football. Tu es membre du département juridique de l’UNFP. C’était un choix évident ?

Oui et non. En fait, j’ai eu un déclic quand j’ai débuté la fac de droit. Une amie m’a parlé du droit du sport. J’ai toujours évolué dans ce milieu, cela m’a paru du même coup évident d’avancer sur cette voie. J’ai ensuite fait un master en droit du sport, et puis j’ai intégré l’UNFP en 2008.

Charlie Sorin au sein de la commission juridique de la LFP.

 

Quelles sont tes missions au quotidien en tant que juriste ?

Mon rôle est d’être au côté des joueurs, de les aider quand il y a un problème, notamment au niveau des contrats de travail ou de certains dispositifs particuliers. C’est un monde très complexe. Il y a aussi toute la réglementation autour du sport, qui est très importante à connaître, comme la loi sur les paris sportifs, ou tous les règlements qui s’appliquent aux joueurs. Il n’y a pas que le droit du travail. Mon rôle est de répondre à leurs questions, de faire de la prévention et de les aider le cas échéant quand il y a un litige.

Tu interviens aussi au côté des joueuses, c’est un autre volet de ton activité au sein de l’UNFP…

C’est une mission passionnante que nous prenons à bras le corps avec mes collègues, Camille Delzant et Laurent Pionnier. Depuis plus de deux saisons maintenant, nous allons rencontrer les joueuses dans les clubs, les aider et les accompagner dans leur professionnalisation. Nous avons fait des rencontres extraordinaires avec certaines filles, qui nous donnent l’envie de nous battre tous les jours pour faire avancer et progresser leur statut, leurs conditions de travail.

Cela demande beaucoup de temps, mais c’est un vrai plaisir, une même une fierté que nous partageons avec l’ensemble de l’UNFP, de valoriser le travail des joueuses et de montrer qu’elles ont toute leur place dans l’écosystème du football national et international.

Charlie Sorin avec les joueuses de l’équipe de France.

 

Eugénie Le Sommer est tout aussi passionnée de football depuis sa plus tendre enfance, et elle s’est battue pour accomplir son rêve de devenir joueuse professionnelle. J’imagine que c’est une fierté pour toi qu’elle soit devenue la première femme élue au sein du comité directeur de l’UNFP en octobre dernier…

Et d’autant plus qu’Eugénie est incroyable, totalement tournée vers les autres et mobilisée pour faire évoluer son sport, sans être simplement spectatrice. Elle agit, elle s’implique comme beaucoup d’autres joueuses d’ailleurs, décidées à être les actrices de leur carrière. Et puis, Eugénie est d’une humilité incroyable, ouverte au dialogue. Nous avons beaucoup de chance à l’UNFP de l’avoir à nos côtés. Nous ne pouvions pas trouver meilleure ambassadrice.

Mercredi soir se profile le 1/8e de finale de Coupe de France qui va opposer Vitré à Lyon Duchère. Comment vis-tu tu l’incroyable parcours de Vitré ?

Avec beaucoup de passion et de tension ! C’est très anxiogène quand cela concerne ma famille, mon papa et mes frères. Je me souviens notamment du tout premier tour en septembre dernier face à l’équipe de L’Hermitage, qui évolue en Régional 3. C’était un match particulièrement compliqué, où l’équipe s’est sortie d’un traquenard en passant par la petite porte aux tirs au but et en finissant à 8 sur le terrain ! Et puis, au fur et à mesure des tours, on s’est tous pris au jeu de la Coupe de France.

Cela fait longtemps que papa est à Vitré (depuis 2011, Ndlr). Il a fait une fois un 32e de finale, jamais plus. Je n’avais pas fait le déplacement à Amiens pour le match des 32es face à Longueau, mais j’étais très stressée pendant la séance de tirs au but, que j’ai suivie au téléphone avec maman, présente dans les tribunes.

En revanche, j’étais à Vitré face au Havre, dans une ambiance extraordinaire. J’avais la boule au ventre toute la journée ! Je suis vraiment très heureuse et très fière de leur parcours. Ils vivent une aventure humaine incroyable. J’espère qu’ils iront le plus loin possible.

Mercredi, c’est un match piège face à Lyon Duchère, qui peut les propulser en quarts de finale, ce qui serait un incroyable exploit !

Complètement, ils vont disputer un huitième de finale de Coupe de France dans leur stade qui affichera complet pour l’occasion, face à une redoutable équipe de National. Ce ne sera pas facile et une qualification serait un exploit, qui ferait date dans l’histoire du club. Le challenge est énorme. Ils ne sont pas favoris, mais ils ont tout à gagner. J’espère qu’ils arriveront à répéter la même performance que face au Havre (Vitré s’était imposé 3-0, Ndlr). On croise les doigts !

Je ne te demande pas ce que tu vas faire mercredi soir, ni où tu seras…

Il y a des événements de famille comme celui-là que l’on ne peut pas louper. Toute la famille au grand complet sera derrière eux. Quoi qu’il arrive mercredi, cela restera un beau moment de partage et un grand souvenir ! »

Recueillis par Philippe Rossi.

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