THEA CARRIERE «Je veux en faire mon métier ! »

Posté le 19.03.2019 à 15h50

La jeune Théa Carrière est une grande passionnée de football. Âgée de 14 ans, elle évolue depuis deux saisons au Paris FC, dans la catégorie des U16. Nous avons profité du stage d’observation d’une semaine qu’elle a effectué au sein de l’UNFP, dans le cadre de son année de troisième, pour nous entretenir avec elle sur sa passion pour le football féminin, alors que la Coupe du monde en France se profile…

« Théa, qu’est-ce qui t’a donné envie de jouer au foot ?

J’ai commencé à l’école primaire, il y a déjà sept ans de cela. A cette époque, j’avais plus de copains que de copines, du coup je jouais au foot avec eux pendant les récréations. Au bout d’un certain temps, je ne jouais plus seulement pour être avec eux, mais parce que cela me plaisait vraiment. J’ai donc demandé à mes parents si je pouvais m’inscrire dans un club. Et ils ont dit non…

Comment as-tu réagi ?

Je ne comprenais pas pourquoi ils ne voulaient pas. Ils me disaient simplement que c’était un sport de garçons. Chaque année au moment des inscriptions, je les suppliais de le faire. Ils ont finalement accepté quand je suis rentré en CM1. J’ai débuté dans le club de ma ville, à Mennecy, et il y a deux ans, j’ai fait des essais au Paris FC et j’ai intégré le club.

Qu’est-ce que cela te fait d’entendre autour de toi « le foot ce n’est pas fait pour les petites filles » ?

Je suis assez indifférente à ce genre de propos. Nous jouons parfois des matches contre des garçons, et quand ils font des fautes par exemple, ils n’hésitent pas à nous dire que nous sommes faibles, qu’ils ne doivent pas jouer contre nous parce que le foot ce n’est pas fait pour les filles. Moi, ça ne me fait rien, je continue ma route. C’est comme l’équitation ou la danse : les gens disent que ce sont des sports faits pour les filles. J’ai un cousin qui fait de la danse, et cela ne me dérange pas du tout, bien au contraire, il s’éclate. Le plus important, c’est de pratiquer le sport qui nous plaît.

« Je m’inspire beaucoup de Wendie Renard, de ses attitudes, de sa manière de jouer, de son placement. »

Le football, c’est une grande passion pour toi, au point d’envisager d’en faire ton métier plus tard ?

J’aimerais beaucoup, même si je sais que cela sera compliqué. Mais je vais me donner les moyens d’y parvenir.

Quelles sont les joueuses qui t’inspirent ?

J’aime bien Wendie Renard. Au début, je ne regardais pas trop le foot féminin. Et puis, je suis allée voir mon premier match, c’était un France-Canada. Wendie m’avait impressionnée en défense centrale. J’aime beaucoup son style de jeu et je m’inspire de ses attitudes, de sa manière de jouer, de son placement.

Wendie Renard

 

L’été prochain, la France va accueillir la Coupe du Monde féminine. Tu penses que c’est une bonne chose pour le développement de la pratique de ce sport, que cela fera reculer les préjugés ?

Oui, je crois déjà, et ce n’est pas une mince affaire, que pas mal de Français sont au courant que la Coupe du Monde va se dérouler en France. Et je suis sûre que si les Bleues réalisent un bon parcours, il y aura autant d’attachement pour les filles que pour les garçons l’été dernier. Cela fera réfléchir beaucoup de monde et il faut espérer, oui, que les a priori négatifs sur notre sport disparaîtront.

« Il faudra bien que je fasse un autre métier après le football. Je ne m’appelle pas Ronaldo (rires) ! Je dois m’y préparer le plus tôt possible. »

Thea, tu me disais en préparant cet entretien, que même si tu voulais être footballeuse professionnelle, tu voulais quand même continuer à faire des études et à apprendre un métier…

Au départ, cela vient de mes parents, qui m’ont toujours dit que si je ne travaillais pas bien à l’école, cela serait difficile de continuer le foot. Et ils ont raison ! Quand le foot sera terminé pour moi, le plus tard possible, il faudra bien que je fasse un autre métier. Je ne m’appelle pas Ronaldo (rires) ! Je dois m’y préparer le plus tôt possible. Quand j’étais plus petite, je voulais être pharmacienne et maintenant je me verrais plus être avocate, donc faire des études de droit.

Comment cela se passe au quotidien au Paris FC ?

Très bien, pour l’instant nous avons deux entraînements par semaine, et l’année prochaine, si j’arrive à intégrer l’équipe supérieure, cela sera tous les jours. L’ambiance est très bonne, je suis vraiment heureuse.

Y-a-t-il de plus en plus de filles qui ont envie de faire du foot autour toi ?

Oui, dans les catégories U15-U16, on doit être une trentaine environ, ce qui n’est déjà pas si mal. Les filles qui passent les tests au Paris FC sont toujours plus nombreuses. C’est le signe que la pratique du foot se développe et se démocratise.

Que penses-tu des critiques faites aux joueuses professionnelles par des personnes qui comparent leur niveau à celui des garçons ?

Certes, ce n’est pas le même style de jeu, mais je trouve que les filles ont maintenant un très bon niveau. Les garçons auront toujours un impact physique plus élevé, mais les filles ont une très bonne technique et les matches sont vraiment très agréables à regarder. Après, je n’ai pas vraiment entendu de mauvaises critiques sur les joueuses pros. Je pense qu’en majorité les gens pensent quand même qu’elles jouent plutôt bien aujourd’hui.

A ton avis, les Bleues peuvent gagner la Coupe du Monde ?

Oui bien sûr, elles ont leur chance, mais comme beaucoup d’autres équipes. Ce sera une compétition très difficile. On compte sur elles, elles représentent notre pays. Je leur souhaite de lever la Coupe le 7 juillet prochain ! »

Recueillis par Philippe Rossi.

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