Ahmed Aït-Ouarab : “L’histoire est belle, non ?”

Posté le 17.06.2019 à 16h15

Entraîneur-adjoint de la sélection mauritanienne au côté de Corentin Martins, Ahmed Aït-Ouarab va vivre dans quelques jours sa première Coupe d’Afrique des Nations. Une aventure exceptionnelle, qui a débuté l’été dernier pour l’ancien milieu offensif, quelques semaines après la fin de son contrat avec Lyon La Duchère et un passage à l’UNFP FC…

« L’été dernier, lorsque tu as terminé ton contrat avec Lyon La Duchère, tu es venu encadrer, avec Serge Romano, une session de l’UNFP FC. Comment as-tu vécu cette expérience ?

J’ai vécu une expérience magnifique. Après La Duchère, je me suis retrouvé à la recherche d’un nouveau projet. C’était une période compliquée : début juillet, la plupart des clubs avaient déjà réalisé le recrutement de leur staff technique. J’avais à cœur de rester actif et c’est avec un grand plaisir que je suis venu donner un coup de main à l’UNFP, dont j’ai toujours été très proche tout au long de ma carrière, et à Pascal Bollini (Directeur de l’UNFP FC, Ndlr) en encadrant une période avec Serge Romano. En tant que joueur, j’ai connu ces semaines incertaines où l’on ne sait pas de quoi demain sera fait. J’ai aussi choisi ce métier d’entraîneur pour m’inscrire dans la transmission. Transmettre, c’est partager des moments difficiles pour un joueur et pouvoir lui expliquer que c’est seulement une page qui se tourne, mais qu’il y en a encore beaucoup d’autres à écrire.

Quelques jours après la fin de cette session l’UNFP FC, tu t’engages comme adjoint avec la sélection de Mauritanie

L’histoire est belle, non ? A cette période, je ne connaissais pas Corentin Martins. Au milieu de l’été, il informe Pascal Bollini, directeur de l’UNFP FC, qu’il recherche un adjoint dans le cadre de la phase de qualification à la CAN 2019. Au premier abord, Corentin pensait d’abord à Serge Romano, qui était disponible mais en attente d’autres propositions. Finalement, quand Serge prend le poste d’adjoint de l’équipe nationale d’Algérie, Pascal Bollini souffle mon nom à Corentin. On peut dire que j’ai été au bon endroit au bon moment, mais sans l’UNFP je n’aurais pas eu cette magnifique opportunité.

« C’est une belle histoire comme il y s’en écrit parfois dans le foot »

Et quelle opportunité ! Vous avez déjoué tous les pronostics en qualifiant la Mauritanie, 103e nation au classement FIFA, pour la phase finale de la CAN, pour la première fois de son histoire !

Comme je l’explique aux gens qui me posent souvent la question, j’aurais déjà été ravi du parcours et de l’expérience même si nous ne nous étions pas qualifiés, car personne ne nous attendait à ce niveau-là. Le football tient finalement à peu de chose : une dynamique de groupe, une bonne osmose avec le staff, et la confiance qui s’accroit avec des résultats de plus en plus positifs. Résultat : une qualification historique ! Participer à une phase finale de la CAN, alors qu’il y a 10 mois je rompais mon contrat avec La Duchère, c’est fou ! Je vais retrouver avec beaucoup de plaisir, Serge Romano, qui va lui aussi participer à cette CAN avec la sélection d’Algérie. C’est une belle histoire comme il y s’en écrit parfois dans le foot.

Comment cette dynamique s’est-elle mise en place entre le staff et les joueurs en si peu de temps ?

Je pense qu’il faut mettre en avant le travail réalisé depuis plus de 3 ans par la fédération, le président Ahmed Yahya, qui est aussi membre de la CAF (Confédération Africaine de Football) et bien entendu les dirigeants qui l’entourent. Corentin Martins a réalisé un énorme travail au niveau de l’équipe nationale. Il faut savoir que c’est l’un des sélectionneurs qui est en place depuis le plus longtemps, quatre ans, une éternité dans le milieu (rires), et cette stabilité s’avère payante. Dans les moments plus compliqués, le président aurait pu changer de sélectionneur, comme certains l’auraient fait, mais lui a décidé de conserver sa confiance au coach en place. Corentin a pu travailler depuis 4 ans avec le même groupe et au final, comme souvent, le travail a fini par payer.

Comment vous répartissez-vous les rôles avec le sélectionneur ?

Nous le faisons de manière assez classique comme cela se passe dans un staff pro. Corentin fait la programmation, nous en discutons puis la validons. Nous préparons les séances ensemble et nous nous partageons ensuite les différentes parties. Je m’occupais aussi de la préparation physique car nous n’avions pas jusqu’à présent un préparateur spécifique. Corentin gère la partie tactique et collective. Je m’occupe plus des cas individuels, de faire des petits rappels, des petites retouches aux joueurs sur leurs déplacements. Je travaille l’analyse vidéo de nos adversaires et de nos performances. Corentin supervise les joueurs locaux sachant qu’il commence à bien les connaitre. Je m’occupe des joueurs expatriés, qui sont relativement peu nombreux, c’est donc assez simple de les suivre.

On est à quelques jours du début de la CAN, comment vous allez aborder cette première compétition ?

La Fédération a mis les moyens nécessaires pour nous placer dans les meilleures conditions. Nous avons fait deux stages de préparation. Le premier en Mauritanie pour permettre aux joueurs de fêter l’Aïd en famille et de travailler dans nos structures. Nous avons travaillé une semaine et nous sommes partis ensuite à Marrakech. Deux matchs amicaux au programme contre Madagascar (victoire 3 buts à 1 des Mourabitounes) et le Bénin. Puis, le 19 juin, nous rejoindrons l’Égypte et Suez où les installations et les conditions de travail sont excellentes.

« ne pas nous arrêter en si bon chemin »

Tout se met en place…

Nous allons aborder la compétition le plus professionnellement possible en essayant de limiter le hasard au maximum. Le staff s’est étoffé, un responsable de la vidéo est arrivé ainsi qu’un préparateur physique et un médecin. Les joueurs sont sereins et confiants puisqu’au final nous n’avons n’a pas grand-chose à perdre. Nous avons fait le plus dur avec la qualification nous ne voulons pas nous arrêter en si bon chemin. Nous allons tout faire pour sortir de cette poule.

Tu es d’origine franco-algérienne, j’imagine que pour toi la CAN représente une compétition au prestige exceptionnel ?

C’est la compétition phare au niveau populaire avec une effervescence énorme, qui agite chaque pays ! Les pays d’Afrique y attachent une grande importance puisque c’est très compliqué de se qualifier pour la Coupe du monde. Je suis très fier d’y participer. Ce n’est pas forcément avec mon pays d’origine, mais lorsque l’on est joueur ou entraîneur, on doit s’attacher au projet dans lequel on est et s’y ‘investir à fond. Aujourd’hui, mon cœur est 100% mauritanien, et on va essayer d’aller au bout.  Cela va même au delà du football, car cette compétition va permettre à tout un pays de se mettre en avant, de se valoriser. Je ne dis pas que nous avons une mission, car cela reste du football, mais forcément nos actes et nos résultats vont être importants pour le pays.

Que pourrais-tu dire aux joueurs qui hésitent encore à participer à l’UNFP FC ?

Certains se font une fausse image de l’UNFP FC et se disent « ça pourrait être négatif pour moi d’aller au stage de l’UNFP » et croyez-moi, je l’ai déjà entendu cette phrase. Ils ont tort à 100% ! L’UNFP FC, c’est une véritable structure qui te permet de te préparer physiquement pour répondre présent au cas où un club ferait appel à toi.  La visibilité est accrue avec des matchs amicaux contre des clubs de Ligue 1 et  de Ligue 2. Je peux comprendre le choix des joueurs qui ont une certaine notoriété, avec pas mal de saisons dans l’élite au compteur, mais pour 90% des autres joueurs, participer à l’UNFP FC devrait être une évidence. Il est très important de se maintenir en forme, encore plus au sein d’un groupe et de ne pas vivre ce moment délicat tout seul. Je peux vous dire que les journées sont bien longues à la maison, en train de regarder son téléphone toutes les cinq minutes…

« Des conditions meilleures que dans certains clubs pros! »

L’UNFP FC, c’est une structure qui n’a rien à envier aux clubs professionnels…

Totalement. Je dirais même que les conditions sont meilleures que dans certains clubs pros ! On se retrouve dans un superbe hôtel avec des infrastructures parfaites pour jouer au football. Et puis le staff technique, médical et administratif met tout en œuvre pour que le joueur évolue et progresse dans sa préparation physique et mental. Certains clubs en Ligue 2 et en National n’ont pas les mêmes prétentions.

Un mot pour conclure ?

Durant ma carrière de footballeur, j’ai été délégué club et l’UNFP m’a beaucoup aidé ainsi que d’autres joueurs et je voudrais les remercier pour cela.  Je voudrais aussi remercier Pascal Bollini de m’avoir invité à l’UNFP FC car cela m’a permis, comme tant de joueurs et d’entraîneurs, de rebondir. Je souhaiterais saluer pour terminer de toute l’équipe qui prépare, dans les bureaux ou sur le terrain, avec le plus grand professionnalisme, la prochaine édition de l’UNFP FC ! »

Crédit photo : FFRIM

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