Neymar n’avait pas de fusil…

Posté le 04.08.2017 à 11h00

Et si l’on arrêtait de regarder ce qu’il est désormais convenu d’appeler l’affaire Neymar par le gros bout de la lorgnette ?

Et si l’on commençait par se rappeler que les joueurs, via leurs représentants – la FIFPro dans le monde et l’UNFP en France par la voix, le plus souvent, du même Philippe Piat d’ailleurs ! -, dénoncent l’actuel système des transferts, comme le mal qui ronge le football mondial de l’intérieur, et l’attaque aussi de l’extérieur quand on sait que 28 pour cent de l’argent des transferts échappent à l’économie du football pour atterrir dans d’autres poches…

Tous les excès ou presque qui nuisent au football, se moquent de ses valeurs et le rendent si perméable à la critique sont les fruits de ce système qu’il faut totalement repenser à défaut de pouvoir l’abolir un jour.

Faut-il rappeler que le syndicat international des footballeurs a, en leurs noms, porté plainte contre ledit système auprès de la Commission européenne, le 18 septembre 2015 ?

On reproche donc à Neymar d’être le fruit d’un système, qui ne lui permet pas de bénéficier d’une réelle liberté contractuelle. La clause dite espagnole est, en effet – compte tenu des sommes d’argent nécessaire à l’achat de sa liberté, même sans approcher les 222 millions avancés par le Brésilien au PSG -, bien moins favorable au joueur que le contrat à durée librement déterminée, conquis par les Français en… 1969 et par le reste de l’Europe communautaire (en dehors de l’Espagne, qui continue de lui tourner le dos !) dans la foulée de Jean-Marc Bosman en 1995.

Beaucoup s’étonnent d’une telle somme, semblent la découvrir, alors que le prix de la liberté de Neymar – ou le coût de son transfert, c’est selon… – s’est affiché dès la signature de son contrat avec le Barça et a évolué au gré des prolongations et des revalorisations de salaire du Brésilien. Ce n’est donc pas des 222 millions d’euros dont on est en droit de s’étonner, mais de la capacité d’un club à les verser pour s’attacher les services d’un joueur, d’un homme fait de chair et de sang, certes, mais avant tout d’un génie du football, comme il n’en existe que quelques-uns dans le monde ? Car la somme devait être, du moins dans l’esprit des dirigeants barcelonais, suffisant importante pour décourager les candidats, à commencer par le grand rival madrilène !

Neymar n’est pas coupable. Ceux qui ont intérêt à voir perdurer le système des transferts sous sa forme actuelle, eux, le sont, et s’ils jouent aujourd’hui les vierges effarouchées parce que leur boulier a le tournis, ils agiront de même dès demain matin… Certes les sommes ne seront pas les mêmes, mais le système lui sera strictement identique !

Quant au salaire du Brésilien à Paris, estimé à 30 millions d’euros annuel, il est lui-aussi le fruit du même système. Comment un joueur acheté 222 millions d’euros ne pourrait-il pas prétendre à un revenu aussi démesuré que ceux qui se pratiquent, et qui ne gêne alors personne, dans le cinéma, la chanson, la littérature, l’art contemporain ? Plusieurs voix (dont celle de Pascal Boniface) se sont élevées en ce sens, reprenant ainsi les arguments que l’UNFP met en avant depuis toujours ou presque.

Comme tous les grands artistes, Neymar fait partie d’une élite. C’est une exception, une rareté. Les 30 millions en question, on les lui donne car il créé du spectacle et des emplois, génère d’importantes retombées financières pour son club et même au-delà. C’est une petite entreprise à lui tout seul, et notre ministre des Finances s’en frotte d’ailleurs déjà les mains…

Comme le disait le regretté président Louis Nicollin « aucun joueur n’est entré dans mon bureau avec un fusil à la main pour réclamer tel ou tel salaire. Son salaire, c’est moi qui le lui ai donné ! »

Aux dernières nouvelles, Neymar ne serait pas arrivé à Paris avec un fusil dans ses bagages…

L’UNFP

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