Il y a 25 ans, l’Arrêt Bosman…

Posté le 15.12.2020 à 15h53

Le 15 décembre 1995 – il y a 25 ans aujourd’hui -, une bombe éclate dans l’univers du football européen. La cour de Justice des Communautés Européennes vient de rendre son Arrêt dans l’affaire Royal Club Liégeois contre Jean-Marc Bosman d’une part et UEFA et Union Royale Belge contre Jean-Marc Bosman, d’autre part.

Cet Arrêt – pour en résumer les principales lignes – s’appuie sur l’Arrêt Dona, rendu en 1976, et rappelle que le football professionnel est bien une activité économique. Il est donc soumis au traité de Rome, qui, selon les articles 48, 85 et 86, s’opposent à ce :

1) Qu’un paiement soit effectué par le nouvel employeur d’un footballeur en fin de contrat à son ancien club.

2) Que des limitations (ou quotas) soient établies sur le nombre de joueurs ressortissant d’autres États membres alignés par les équipes.

Ce combat – la liberté contractuelle -, les Français l’avaient gagné 26 ans plus tôt. Il n’est donc pas étonnant que, dès juin 1990, l’UNFP décide de soutenir Jean-Marc Bosman dans sa quête… Philippe Piat, président de l’UNFP, trouve en Gerardo Movilla, le président du syndicat espanol (AFE), un allier de choix pour financer la défense de Bosman, car la FIFPro, à cette époque, n’a pas l’argent nécessaire pour contrer les « offres » de la Fifa, qui veut contraindre, par tous les… moyens, le Belge au silence.

Cet accord marque la seconde naissance de la FIFPRO !

Il n’est pas inutile de rappeler que la demande de Jean-Marc Bosman ne concernait que la liberté contractuelle. C’est la Cour de Justice des Communautés Européennes qui, dans son arrêt, a tenu à préciser la libre circulation des joueurs.

Il convient également de savoir que cet Arrêt a été rendu trente ans jour pour jour après la création de la FIFPRO, à l’initiative de la France, notamment du regretté Michel Hidalgo. Et l’on peut considérer que ce 15 décembre 1995 a marqué la seconde naissance de la FIFPRO, qui, dès lors, n’a eu de cesse de se développer et compte aujourd’hui pas moins de 70 membres dans le monde…

« Les retombées de l’Arrêt Bosman, analyse Phiippe Piat, président de la FIFPRO et coprésident de l’UNFP, dépassent celles qu’on lui reconnaît avec l’ouverture des frontières, la liberté contractuelle et l’augmentation des salaires qui s’en suivit dans un marché devenu global, alors que le football bénéficiait dans le même temps de l’intérêt croissant du public, des sponsors, de la télévision et de l’émergence des jeux-vidéos. Cet Arrêt a aussi permis aux joueurs, via la FIFPRO, de se structurer, d’être reconnus et de prendre petit à petit toute la place qui leur revenait dans l’écosystème du football mondial. Et s’il a fallu encore quelques années pour que les joueurs soient reconnus comme des interlocuteurs par la FIFA, puis par toutes les autres instances, c’est à partir du 15 décembre 1995 que le football a changé parce que les joueurs l’ont voulu et qu’ils se sont organisés pour qu’il évolue.

« Vingt-cinq ans après, le bilan est positif, même s’il reste encore beaucoup de progrès à effectuer au niveau du football professionnel dans le monde, qui vont du respect des contrats au paiement des salaires en passant par la prise en compte des charges de travail et des améliorations à apporter au calendrier. Mais aujourd’hui, cela n’a rien d’anecdotique, les joueurs – et les joueuses – sont avec la FIFPRO assis à la table des négociations. Et cela change tout, même si nous souhaiterions tous, de Paris à Yaoundé ou de Buenos Aires à Tokyo, que cela aille pus vite… »

Philippe Piat, le Français, et Gerardo Movilla, l'Espagnol, ont tout de suite compris ce que le combat de Jean-Marc Bosman représentait pour les joueurs du monde entier...
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