Entendre Varane et agir enfin…

Posté le 07.02.2023 à 01h17

La volonté de Raphaël Varane de mettre un terme à sa carrière internationale pose, une fois encore, la question des surcharges de travail pour les joueurs de premier plan, engagés avec leur club et leur sélection dans une course folle qui, depuis des années déjà, inquiète l’UNFP et la FIFPRO, le syndicat international des footballeurs professionnels.

Qu’un joueur de 29 ans, au palmarès qui force le respect, décide de ne plus porter le maillot de son équipe nationale est un message fort qui doit être clairement entendu par ceux qui, sans tenir compte de l’avis des joueurs, et plus généralement, des autres acteurs (entraîneurs, préparateurs physiques, médecins…), font du calendrier international une machine infernale, ce qui est parfaitement résumé par le défenseur de Manchester United au Micro de Canal+ :

« Le haut niveau est comme une machine à laver, vous jouez tout le temps et ne vous arrêtez jamais ! »

À l’enchaînement des matchs, aux exigences physiques qu’imposent le haut niveau et à l’usure qu’il finit par induire, à la pression quotidienne dictée par le résultat, aux sollicitations médiatiques, aux demandes de la publicité, aux relations, parfois tendues, avec les supporters, s’ajoute au fil du temps une lassitude mentale :  le plus beau métier du monde, cette profession qui fait rêver, peut devenir alors lourd à porter.

« Nous avons des emplois du temps surchargés et nous jouons non-stop. En ce moment, j’ai l’impression d’étouffer et que le footballeur avale l’homme, » regrette l’ancien du RC Lens et du Real Madrid.

 

Le champion du monde 2018 n’est que le dernier d’une longue liste de joueurs, souvent relayés par des entraîneurs, à tirer la sonnette d’alarme et à réclamer, avec l’UNFP, la FIFPRO et la totalité de ses membres, un calendrier, bâti avec les acteurs et non plus imposé sur fond de profit…

Un calendrier qui protège les joueurs– donc également la qualité du jeu et du spectacle offert – des effets que l’on sait aujourd’hui néfastes d’une surcharge de travail, tant au niveau physique, que mental et social .

Un calendrier équilibré, afin de prendre en compte l’ensemble de la profession et d’éviter, comme cela se dessine ici ou là, une sous-charge extrême pour la grande majorité des footballeurs professionnels.

Un calendrier, enfin, adapté à l’évolution du football au féminin, à sa professionnalisation…

Les joueurs ont déjà dénoncé les risques et appelé à l’équilibre du calendrier…

Dans une enquête de la FIFPRO, publiée l’année dernière, les footballeurs professionnels se sont clairement déclarés en faveur de nouvelles réglementations pour faire face à l’encombrement croissant du calendrier, à l’augmentation constante des compétitions donc des matchs, mais aussi à la fatigue engendrée par les incessants déplacements des élites.

Des footballeurs évoluant en France comptaient parmi les 1 055 joueurs interrogés dans le monde et le constat se passe de commentaire…

  • 55 % des joueurs se sont blessés à cause d’un calendrier surchargé ;
  • 40 % des joueurs ont déclaré qu’un calendrier surchargé affectait leur santé mentale ;
  • 50 % des joueurs ont déclaré qu’à cause de leur club ou de leur équipe nationale leur intersaison avait été écourtée.

En ce qui concerne les fenêtres de matchs internationaux, 46,5 % d’entre eux ont déclaré préférer des fenêtres plus longues mais moins fréquentes, contre 25,7 % qui ne le souhaitent pas. Les 27,7 % restants étaient incertains.

Dans la même enquête, les 92 experts en haute performance interrogés – scientifiques du sport, médecins et préparateurs physiques pour lesquels le nombre de matches joués actuellement est excessif – ont soutenu l’avis et compris le ressenti des joueurs selon lequel, sans règles de protection, le football d’élite présente aujourd’hui des risques évidents pour la santé physique et mentale des premiers acteurs.

À lire…

 

 

 

 

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