David Terrier:«Être partout où cela compte pour les joueuses et les joueurs!»

Posté le 15.03.2023 à 22h55

Élu président de la FIFPRO Europe, vice-président de l’UNFP et membre du Board de la FIFPRO Monde, David Terrier, cinquantenaire dans quelques mois, se multiplie « au service des joueuses et des joueurs » aime-t-il à préciser. Interview avec un homme très… occupé !

 

Bobby Barnes et David Terrier, l’ancien et le nouveau président de la FIFPRO Europe…

 

« Qu’est-ce qui vous a poussé à briguer la présidence de la FIFPRO Europe ?

Il est important de rappeler, pour commencer, le rôle moteur de l’UNFP au sein de la FIFPRO, créée à l’initiative de la France, en 1965, et dont Philippe Piat fut longtemps le président tant au niveau mondial, avec trois mandats dont le dernier a pris fin en 2021, que continental puisqu’il fut à la tête de l’Europe entre 2007 et 2011. Cette volonté de voir l’UNFP continuer à tenir son rang, à rester l’un des leaders du combat des footballeuses et des footballeurs, a été l’une des raisons qui ont fait que l’idée de devenir président de la FIFPRO Europe s’est imposée à moi, lorsqu’il a été acquis que notre collègue anglais Bobby Barnes, auquel il faut rendre hommage pour la qualité de son travail, quitterait ses fonctions de président.

Quelles sont les autres raisons ?

Elles sont multiples, évidemment. Il n’échappe à personne que l’Europe, en termes de football, est le continent leader, au regard de sa puissance économique, de la qualité de ses compétitions, du pouvoir de ses grands clubs, de la présence des plus grands joueurs. L’Europe, c’est aussi Bruxelles et Luxembourg, dont les décisions peuvent impacter fortement les règlementations nationales, parfois bien au-delà de nos frontières, y compris dans l’industrie du football.

L’Europe, c’est aussi l’UEFA…

Forcément. Et dans la guéguerre qu’elle livre, ces dernières années à la FIFA, dont la partie émergée est la surenchère de nouvelles compétitions, notamment, elle fait des joueurs des victimes collatérales, semble sourde à leurs alertes, alors même qu’elles sont de plus en plus nombreuses. Les différentes enquêtes de la FIFPRO, les échanges avec les joueurs, le nombre grandissant de blessures, le besoin exprimé d’un repos salvateur tant pour le corps que pour l’esprit, prouvent bien pourtant qu’il faut mettre un frein à l’accumulation des compétitions et des matches à travers une réforme concertée du calendrier, c’est-à-dire en tenant compte de l’avis des acteurs, au premier rang desquels se trouvent les joueurs.

Ce sera l’un des objectifs de votre mandat ?

C’est en tous les cas, fort de cette volonté de trouver enfin des solutions au bénéfice des joueuses et des joueurs, partagée par l’ensemble des membres du Board européen, que j’ai partagé ma vision du rôle que la FIFPRO Europe doit tenir dans les prochaines années et que j’ai réussi à obtenir l’adhésion du plus grand nombre puisque j’ai été élu avec sept voix contre deux pour mon adversaire. La finalité était la même, mais la vision différente…

 

Philippe Piat – ici avec David Terrier – avait été président de la FIFPRO Europe entre 2007 et 2011.

 

Quelle est-elle justement ?

Si le dialogue n’a jamais été réellement interrompu avec l’UEFA, il faut que l’instance européenne comprenne que cela ne suffit plus de discuter sans qu’elle finisse par nous entendre. Nous, ce n’est pas la FIFPRO Europe, c’est l’ensemble des joueuses et des joueurs qui souhaitent – ils nous le disent et nous partagerons leurs témoignages avec l’UEFA pour bien qu’elle en prenne conscience -, que les choses évoluent, non seulement pour eux, soumis à des cadences infernales, mais aussi parce qu’ils pensent à l’avenir de leur sport, à la qualité du spectacle. Il en va de la pérennité même de l’industrie du football professionnel et il est étonnant que les joueurs, désormais soutenus par de nombreux entraîneurs et même quelques dirigeants, ne réussissent pas à se faire entendre alors qu’ils défendent leur sport. Nous allons continuer à discuter avec l’UEFA, mais il n’est pas question, et tous les membres de notre Board sont sur la même ligne, que ces échanges ne débouchent pas sur une profonde réforme, non seulement du calendrier – même si la FIFA devra également faire sa part du travail -, mais également sur un certain nombre d’avancées sociales, de sécurisation des contrats et des salaires, y compris pour le football au féminin.

Et si l’UEFA reste sourde à vos demandes ?

Nous prendrons alors les décisions qui s’imposent, fort du soutien des joueuses et des joueurs. Mais nous n’en sommes pas encore là et j’espère que la raison finira par s’imposer.

 

« Il n’est pas question que je coupe le lien avec nos adhérents ! « 

 

Qu’est-ce que votre élection dit de l’UNFP d’aujourd’hui ?

Au-delà de l’histoire, une fois encore, qui a fait de la France un des membres permanents du Board mondial de la FIFPRO en sa qualité de fondateur du syndicat international, c’est ici la reconnaissance que notre syndicat reste un exemple parce qu’il ne se détourne pas de sa mission première, parce qu’il est organisé, professionnel et efficace, parce qu’il est respecté. Si notre influence au sein de la FIFPRO reste majeure, c’est en premier lieu, j’en ai la certitude et ma modestie doit-elle en souffrir, parce que nous faisons bien notre travail, au niveau national. Et permettez-moi d’en profiter pour saluer et remercier l’ensemble de nos élus et salariés qui, au quotidien, continuent à agir pour maintenir la place de l’UNFP, à développer ses compétences, à multiplier ses champs d’intervention au service de ses adhérents.

Vos nouvelles responsabilités au niveau international vont-elles vous amener à prendre du recul au regard de vos engagements à l’UNFP ?

Pas le moins du monde, même si j’ai conscience des responsabilités qui sont désormais les miennes et de la pression qui pèse sur mes épaules ! Mais nous saurons nous organiser en conséquence. Au sein du Board de la FIFPRO Europe, j’ai bien l’intention de m’appuyer sur notre secrétaire général, Joachim Walltin, et de responsabiliser l’ensemble des membres en confiant à chacun des missions. Ce Board est particulièrement bien représentatif du football européen et nous devons profiter des compétences et des connaissances de chacun pour atteindre les objectifs fixés.

Et au niveau national ?

D’une certaine façon, cette élection va donner, s’il en était besoin, plus de sens encore à mon engagement à l’UNFP… Il n’est d’ailleurs pas question que je coupe le lien, fort, avec la base, avec ce qui fait mon quotidien depuis que j’ai décidé, à la fin de ma carrière, de m’engager au service des joueuses et des joueurs, je vais conserver, pour le moment, l’ensemble de mes fonctions et mandats. Regardez, dimanche prochain, je serai au Parc des Princes pour remettre à Kylian Mbappé son énième Trophée de joueur du mois. Lundi, je participerai aux rencontres UNFP à Nancy, club de National, et mardi, je ferai de même à Dijon, club de Ligue 2… C’est l’essence même de notre travail et, en l’état actuel des choses, je n’ai pas l’intention de me priver du contact avec nos adhérents, de nos échanges. Que ce soit en France ou en Europe, notre mission réclame que nous soyons partout présents où cela compte où cela est nécessaire pour les joueuses et pour les joueurs. »

David Terrier avec les joueurs de Valenciennes…

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