Une saison charnière…

Posté le 07.09.2023 à 11h09

Réuni à Paris en début de semaine, le Comité directeur de l’UNFP n’aurait pu tenir qu’une réunion de rentrée, mais l’ordre du jour en avait décidé autrement…

 

Après qu’un hommage a été rendu à Eugénie Le Sommer, la secrétaire générale, pour ses performances à la Coupe du monde féminine et après lui avoir demandé de transmettre les mêmes félicitations à sa nouvelle coéquipière, Kadidiatou Diani, membre de notre Comité directeur également, les débats se sont ouverts avec l’étude de la modification de certains articles des statuts de notre syndicat, afin, notamment, d’en acter la modernisation en termes de diversité et d’inclusion. Ces changements, validés à l’unanimité par le CD, seront soumis à l’approbation de la prochaine Assemblée générale de notre syndicat, le 14 octobre prochain.

 

La meilleure buteuse de l’équipe de France, Secrétaire générale de l’UNFP…

 

En finir avec les discriminations…

 

Une large part des discussions, une fois encore, a porté sur les différentes discriminations qui polluent au quotidien le football professionnel français et que l’UNFP, avec le soutien total de l’ensemble de ses adhérents, continue sans relâche de dénoncer, tout en cherchant les solutions appropriées et réalistes…

 

Vice-président de l’UNFP, David Terrier est également en charge du Comité directeur…

 

« Lors de notre tournée de rentrée dans les clubs, a souligné David Terrier, vice-président, nous avons notamment évoqué le racisme contre lequel l’UNFP lutte depuis qu’il a fait son apparition dans nos stades, alors que notre sport se veut être rassembleur et ne faire aucune différence quant à la couleur de la peau, les orientations sexuelles, les religions ou les choix politiques. C’est d’ailleurs parfaitement explicite dans nos propres statuts.

« Face au racisme, par exemple, alors que nous menons des actions de prévention dès les centres de formation, alors que nous dénonçons systématiquement toutes les dérives, il devient évident qu’il convient de passer à la vitesse supérieure d’autant qu’un grand nombre de joueurs nous le demandent. C’est pourquoi lors de nos visites dans les clubs depuis le début de la saison, nous avons voulu en savoir plus sur la position des joueurs et qu’elle serait, d’après eux, la meilleure réaction, la plus efficace, si d’aventure de tels faits venaient à nouveau entacher une des rencontres de nos championnats d’élite. Puisqu’il nous reste une dizaine de clubs encore à visiter, nous préférons attendre d’avoir la totalité des réponses pour partager l’avis de l’ensemble des joueurs – et très certainement des joueuses également – pour en révéler la teneur… Peut-être lors de notre prochaine Assemblée générale… »

Autre discrimination – c’est bien de cela qu’il s’agit puisque le non-respect de manière permanente de l’article 507 a été reconnu comme étant un fait de harcèlement moral par la justice – les mises à l’écart au-delà de la période prévue, même s’il y aurait beaucoup à dire, à regretter dès qu’un joueur ne peut plus exercer pleinement son métier.

La multiplication des lofts, cette saison encore, inquiète l’UNFP, son Comité directeur et l’ensemble des footballeurs professionnels pour qui le respect des contrats dans leur intégralité ne se discute pas. Les pressions exercées sur les salariés – jusqu’au capitaine de l’équipe de France, cet été ! – pour qu’ils prolongent leur contrat ou acceptent de le rompre, font malheureusement aujourd’hui partie du quotidien des joueurs évoluant en France.

 

 

Sans toujours communiquer à la demande des victimes d’une pratique honteuse, qui doit tout autant aux politiques de trading d’un grand nombre de clubs qu’à l’absence de sanctions fortes et dissuasives et au respect de celles prononcées, l’UNFP a beau se multiplier et alerter au plus haut niveau des instances sportives et politiques, rien n’a encore bougé :

« Même s’ils en souffrent, notait ainsi Philippe Piat, le président, beaucoup de joueurs ne saisissent pas la Commission juridique de la LFP certainement parce qu’ils ont peur d’être black listés car notre milieu est impitoyable envers ceux qui ne demandent pourtant qu’à voir leur contrat de travail respecté, y compris, il faut en avoir conscience, dès les centres de formation. C’est pourquoi, tout en soutenant les victimes, de la plus connue aux jeunes en formation, nous étudions toutes les voies possibles d’action, y compris devant la justice civile… »

La limitation des effectifs semblerait être une solution pour lutter contre ces dérives. On parle ainsi d’un maximum de 25 pros, une barre qui pourrait être rehaussée à 28 pour les équipes européennes et qui ne tiendrait pas compte des joueurs « de moins de 21 ans au 31 décembre qui ont été sous convention de formation dans les six derniers mois »…

C’est, en tous les cas, une piste à creuser pour la direction de l’UNFP, comme le précisait dernièrement David Terrier dans L’Équipe : « D’après les statistiques des cinq grands championnats, que ce soit à Manchester City ou à Metz, ce sont toujours les 16 mêmes joueurs qui ont 90 % du temps de jeu et les 25 mêmes qui ont 99,9 % du temps de jeu. Pourquoi en avoir alors 40 ou 50 ? Pour créer une économie parallèle. On ne dénonce pas le trading, on dit juste que c’est la cause : je forme des joueurs, je les prête à droite et à gauche et je les vends comme certains commencent à le faire en France. Du coup, ils ne jouent jamais en pro dans leur club. Il faut aussi donner la possibilité à toutes les équipes d’avoir accès à certains joueurs. Qu’un club de haut niveau doté de 40 contrats capte les plus gros talents, on peut le comprendre. En revanche, il faut laisser les choix numéros 2 ou 3 à la L2 par exemple. Le 28e ou le 33e au PSG ou à Lille sera peut-être la star de Rodez ou du Paris FC. »

Et de rappeler que si beaucoup de clubs sont favorables à cette limitation, d’autres y sont farouchement opposés pour le moment…

 

Féminines : le combat continue…

 

Il fut ensuite évoqué l’importance de la saison qui vient de commencer. Une saison qualifiée de charnière avec la réduction du nombre des clubs en Ligue 1 et la sévère sélection qu’impose en Ligue 2 le passage à 18 clubs, la saison prochaine.

À côté des enjeux sportifs, les prochains mois seront également déterminants pour l’économie du football professionnel français avec les premiers résultats attendus de la société commerciale, notamment au regard de la renégociation des droits audiovisuels : « C’est de l’avenir de l’ensemble de notre écosystème dont il est ici question, et les joueurs, bien évidemment, s’y intéressent et pas uniquement – même si cela compte, forcément – pour des questions de salaire. Plus les clubs – et je n’oublie pas la L2 – auront les moyens de plus et de mieux se développer, de rattraper leur retard sur les leaders européens, mieux les joueurs se porteront : eux aussi veulent que ça marche, eux aussi veulent que le football français soit toujours plus compétitif sur la scène européenne, eux aussi veulent que la formation française continue son travail d’excellence… »

 

Fabien Safanjon, vice-président de notre syndicat, est responsable de la commission féminine…

 

Saison charnière pour les féminines, également. Annoncée au plus haut niveau au printemps dernier, la signature de la convention collective reste en suspens comme l’a rappelé Fabien Safanjon, vice-président : « Quelques-uns sont allés un trop vite en besogne, en effet. Si certaines avancées sont réelles, en matière de grossesse et de maternité notamment, la protection sociale, le niveau minimum de rémunération, la prévoyance et tout ce qui concerne le droit à l’image sont aujourd’hui bien inférieurs aux demandes des joueuses et ne tiennent pas compte de l’évolution et des réalités du football au féminin en France. Nous comprenons la volonté des dirigeants d’accélérer le processus avec la mise en place de la Ligue féminine professionnelle à l’été 2024, mais il n’est pas question de signer un accord au rabais… Heureusement, les discussions vont bientôt reprendre puisque nous restons ouverts au dialogue même si l’impatience gagne du terrain chez les joueuses, ce qui est tout à fait normal. Mais soyons optimistes, gardons l’espoir de voir cette convention conforme à la demande des joueuses, d’autant qu’elle tient compte des réalités du football au féminin en France… »

Les prochaines semaines seront donc décisives…

Après que les membres du Comité directeur ont été informés de la bonne tenue de l’UNFP Football Club, des résultats encourageants en termes de signatures de nouveaux contrats pour les joueurs participants (50 pour cent à ce jour) et du renouvellement de l’aide apportée par notre syndicat aux clubs qui engagent un joueur libre, David Terrier a conclu cette riche réunion de travail en donnant à tous rendez-vous lors l’Assemblée générale ordinaire et extraordinaire (adoption de la modification des statuts) du 14 octobre prochain…

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