90,1 pour cent des pros ont adhéré!

Posté le 19.03.2024 à 19h57

Parfois, l’histoire aime à se répéter. Ainsi, à l’exception des deux saisons marquées par le Covid, le taux d’adhésion à l’UNFP des footballeurs professionnels évoluant en France flirte avec les 90 pour cent depuis 2011. Un peu moins parfois, un peu plus souvent…

« Si nous continuons, note Philippe Flucklinger, le responsable des délégués régionaux du syndicat, à courir après notre record de 2011 et ses 93,25 pour cent d’adhérents, nous ne pouvons que nous satisfaire du bilan de la saison en cours puisque 9 footballeurs professionnels sur 10 ont adhéré. »

 

Face à un tel pourcentage, à faire pâlir d’envie l’ensemble des autres syndicats français, à commencer par les grandes centrales, il y a plusieurs lectures possibles, la première – parfois portée certains soirs à nos oreilles – voudrait que les joueurs adhérent par habitude et, bien évidemment, sans réfléchir. Heureusement, plus personne ne prête aujourd’hui attention à ces clichés qui suffisent à qualifier ceux qui les colportent.

« Si, après tant d’années, ce taux d’adhésion est devenu commun, il n’est pourtant pas le moins du monde banal, spécialement cette saison puisque nous avons renouvelé notre équipe de délégués régionaux, formée pour une moitié par des garçons qui ont tout récemment mis fin à leur carrière (Cédric Cambon, Vincent Muratori et Steven Pinto-Borges) et pour l’autre par d’anciens joueurs aussi, évidemment, salariés de l’UNFP depuis quelques années déjà (Malik Couturier, Laurent Pionnier et Frank Signorino), mais qui ont découvert, l’été dernier, la fonction de délégué régional, primordiale dans notre organisation.

 

 

« Pour leur baptême du feu, ils ont permis à l’UNFP de maintenir son rang, tout en renforçant les liens privilégiés que nous nous devons d’entretenir avec les joueurs… et les joueuses puisque Laurent Pionnier a, lui aussi, multiplié les réunions dans les clubs féminins lors d’une saison, que l’on savait charnière, avant l’entrée du football au féminin français dans le monde professionnel en juillet prochain. Là encore, les effets ont vite été ressentis puisque 60 pour cent des joueuses disposant d’un contrat dit fédéral ont adhéré. Et que d’autres, avant la fin de l’exercice présent, devraient nous rejoindre.

« En grande partie cassé lors de la crise sanitaire – ce qui explique le bilan mitigé des années Covid –, c’est ce lien qui fait notre force et qui explique que notre représentativité – au-delà même du nombre de nos adhérents – ne puisse pas être remise en cause. Comment pourrait-elle l’être et par qui ?  Cette confiance renouvelée à leur syndicat d’une saison à l’autre conforte, s’il en était besoin, le choix de nos engagements politiques dans le cadre de la mission qui est la nôtre. Et c’est aussi un message fort que, chaque saison, nos adhérents envoient aux dirigeants. »

Cette proximité est aussi source d’informations montantes et descendantes dont l’UNFP se nourrit plus fréquemment désormais grâce au doublement des hommes de terrain. Plus nombreux aujourd’hui, ces temps d’échange sont autant appréciés par nos adhérents que par les salariés de notre syndicat.

Et Vincent Muratori de rapporter : « Régulièrement, les joueurs nous disent qu’ils sont parfaitement satisfaits des actions menées par l’UNFP. Et c’est parce qu’ils se sentent soutenus, protégés, défendus si nécessaire qu’ils adhérent. »

Comprenez que rien n’est jamais acquis au sein de cette population professionnelle, régulièrement renouvelée de surcroît. L’engagement syndical des joueurs ne s’obtient pas avec de belles promesses, mais à la suite d’actions, parfois initiées par les joueurs eux-mêmes, suffisamment efficaces pour qu’elles aboutissent à faire respecter leurs droits, à maintenir et protéger leurs condition de travail quand il ne s’agit pas de les améliorer, à défendre leurs intérêts, à leur ouvrir les portes d’une après-carrière réussie et sereine en leur donnant la possibilité d’accéder aux formations, qu’ils auront choisies, qu’elles soient diplômantes ou pas…

 

 

Philippe Flucklinger a accompagné à tour de rôle les nouveaux délégués régionaux pour parfaire, sur le terrain, la formation d’une nouvelle équipe très vite devenue opérationnelle…

 

« Chaque adhésion se mérite, chacune est différente, assure Philippe Flucklinger.

Mais il ne faudrait pas oublier le délitement, en France, du dialogue social, qui fut presque élevé au rang de cause nationale lors du premier mandat d’Emmanuel Macron…

« Il faudrait peut-être le rappeler à nos dirigeants, glisse sournoisement Philippe Piat, le président de l’UNFP. Les joueurs, nous rapportent nos hommes de terrain, sont logiquement inquiets de l’absence d’un vrai dialogue social, caractérisé par l’arrêt des réunions paritaires depuis dix-huit mois désormais. Nos adhérents sont conscient que le refus des dirigeants de s’asseoir à la même table que leurs représentants syndicaux est un très mauvais signe à l’heure où notre football professionnel aurait pourtant besoin que ses différents acteurs se présentent unis pour faire face aux retombées néfastes actuelles ou à venir des politiques menées au niveau international et national.

 

Fabien Safanjon, Philippe Piat et David Terrier, la direction de l’UNFP…

 

« Les joueurs ressentent que leur profession est en danger et c’est aussi pourquoi, via leur adhésion, ils nous demandent de continuer à mener le combat. Les combats plutôt : respect de la Charte ; harcèlement moral ; surcharge de travail du fait d’un calendrier international établi en dépit du bon sens, qui met en péril le football au niveau local et s’attaque même aux sélections nationales en poussant de plus en plus de joueurs, vidés tant physiquement que mentalement, à sacrifier leur carrière internationale au profit de leur club-employeur.

« Face à ce qui gangrène notre sport en France (les discriminations, la violence…), nos adhérents savent que seul un front uni, volontaire, serait en capacité d’apporter les meilleures des réponses et de trouver les moyens le plus efficaces d’éradiquer ces fléaux.

« Enfin, les menaces réelles que fait porter sur l’emploi en France la possible création d’une Super League européenne assombrit plus encore le paysage et fragilise la profession de footballeur professionnel déjà mise à mal par le désintérêt pour la chose sociale des dirigeants, dont beaucoup viennent désormais de l’étranger quand ils ne sont pas l’émanation de fonds de pension.

« Vous avez déjà essayé, vous, de parler en tête à tête avec un fonds de pension, d’essayer de le convaincre, de lui parler des droits des joueurs, des conditions sociales pour les salariés en France, de mettre l’accent sur les relations humaines ?

 

Ici à Bordeaux, comme partout, des joueuses attentives, concernées, engagées…

 

« Ce climat pesant sur fond de trading incontrôlé, dont la principale caractéristique est la mise en place des lofts, n’est pas de nature à rassurer les joueurs et à les placer dans les meilleures conditions pour exercer leur métier. Dans le même temps, les joueuses, promises en France au professionnalisme ont compris qu’il ne suffisait pas de poser une question pour obtenir une réponse dans l’exercice de leur  (futur) métier et pour l’amélioration de leur condition.

« Tous ces dysfonctionnements, ce manque de respect, toutes ces compétitions où le sport n’est plus qu’un prétexte à faire entrer toujours plus d’argent dans les caisses participent à faire de l’UNFP le meilleur rempart possible et nous assurent, si nous en avions besoin, une promotion dont nous savons nous montrer dignes au quotidien, travaillant sans relâche au bénéfice de nos adhérents. Ce que les joueurs – que je profite de remercier pour leur confiance en notre organisation, en nos salariés – ne peuvent ignorer… Forcément. »

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