Philippe Durpes, l’homme aux bras d’or…

Posté le 19.07.2022 à 09h03

Toute comparaison avec Frankie Machine, batteur et croupier, accro à l’héro, campé par un Sinatra au meilleur de sa forme, serait nulle et non avenue. Évidemment. Et pourtant, c’est à force de bras que depuis bientôt dix ans Philippe Durpes, dit Pépes, s’est imposé comme l’une des pièces maîtresses du staff de l’UNFP Football Club. Rencontre.

Ne lui dites pas qu’il est kinésithérapeute. Surtout pas. L’ancien champion de France – RC Lens, 1998 – est « masseur », et même si Alexia Bollini – la kiné – avait dû rester en Réunion, il ne revendiquerait pas ce titre-là.

« Je n’ai pas la formation, ce n’est pas plus compliqué que cela ! ».

Et comme Philippe n’est pas du genre à usurper…

 

Avec Alexia Bollini, la kiné…

 

« Je me suis tourné vers le bien-être, pas sur l’aspect médical. Je laisse toute la partie des soins, les blessures à Alexia et à Ugo – Solignac, l’ostéopathe, Ndlr – et n’interviens jamais en dehors de mon champ de compétences. Et puis, j’ai déjà tellement à faire avec les massages, au point que mes jeunes camarades m’aident régulièrement… »

Le natif de Capesterre, là-bas sur l’île aux belles eaux, dont les biceps, qui imposent déjà le respect, auront, comme chaque année, doublé de volume à la fin du mois de juillet, est donc masseur… Mais pas que, n’est-ce pas Pépes ?

« Lorsqu’ils sont sur la table de massage, les joueurs se confient, tout le monde le sait. Et peut-être plus facilement avec moi, ici dans ce contexte précis. Même si les codes dans le vestiaire ont changé avec le temps, ils savent que j’ai été footballeur pro, comme eux, ils savent que j’ai participé par deux fois au stage de l’UNFP Football Club, que je connais donc un peu la musique… »

Et les paroles, aussi… « Certaines fois, je le ressens, ils ont tout autant besoin d’être massés que d’être rassurés sur leur avenir.  »

 

Avec Laurent Dos Santos…

 

Pépes, alors, se mue en grand frère :  » Mais je ne positive pas simplement pour qu’ils repartent rassérénés, mais parce qu’il y a de quoi puiser, dans l’histoire de l’UNFP Football Club, un grand nombre d’exemples, qui prouvent qu’ils n’ont aucune raison de perdre espoir et, qu’au contraire, le travail qu’ils effectuent ici au quotidien finira par payer… »

Le masseur d’aujourd’hui, c’est un peu le barbier de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance, confident des puissants, qui tiraient avantage de la relation particulière, intime, qu’ils avaient su créer et, fourbes à l’envi, qu’ils alimentaient. La proximité que Philippe entretient naturellement avec les joueurs n’a rien de sournoise, ce n’est pas le genre de la maison. Et si le champion du monde militaire (1995) tend l’oreille avec une grande attention, il n’est pas pour autant un pavillon de complaisance. S’il a des choses à dire en retour, tout en pesant ses mots, alors les joueurs les entendront.

 

« De la même façon, si je perçois, lors d’une conversation, qu’un joueur est en difficulté et que je suis le seul à entendre son mal-être ou qu’il me confie les difficultés passagères qu’il préfère taire aux autres, si je considère que c’est un appel, qu’il lance sciemment ou pas, j’alerte immédiatement Thomas Aupic, notre préparateur mental. Soit, il est déjà intervenu, ayant perçu les mêmes petites choses que moi, soit il se rapproche du garçon en question… Nous n’avons qu’un seul objectif à l’intérieur du staff : travailler au bénéfice des joueurs, les amener le plus haut possible et ne rien négliger pour y parvenir…  »

Ce staff dont il vante les qualités d’ouverture et de dialogue, parce qu’elles lui vont bien. Lui reviennent alors en mémoire ses propres expériences à l’UNFP Football Club. Le constat est fait sans nostalgie, ni jalousie…

« L’organisation était, disons… plus légère et le staff se résumait à deux entraîneurs, si je m’en souviens bien… C’était simplement une autre époque, d’autres moyens, mais l’envie, la volonté étaient les mêmes à tous les niveaux. Aujourd’hui, je ne sais pas si les gens mesurent correctement les moyens – je ne parle ici d’argent – que l’UNFP met à la disposition des joueurs, sans parler de l’investissement d’un grand nombre de ses salariés, au-delà même de ceux présents à plein temps dans le staff à Lisses. L’évolution est incroyable, les outils performants, les infrastructures à l’avenant, l’encadrement complet et, je ne parle pas de moi, efficace et de grande qualité…

 

« Ici, je me régale ! »

« Mais ce que je veux retenir depuis toutes ces années, c’est l’aventure humaine, les relations avec les joueurs et avec les autres membres du staff. Ce qui fait que ce rendez-vous est coché sur nos calendriers et que nous sommes impatients de nous retrouver, ce sont les liens d’amitié qui se sont créés entre nous. Le staff que je qualifierai de permanent forme, je sais le terme galvaudé, une véritable famille et nous laissons entrer ceux qui, d’une année sur l’autre, nous rejoignent pour quelques semaines ou quelques jours. Je pense que les joueurs le ressentent et y participent à leur manière, tout en se montrant respectueux. Toujours. Si nous sommes tous à la recherche de la performance, si le travail est difficile, il est important de savoir aussi lâcher prise, de s’amuser, de rigoler. Parfois avec les gars, parfois entre nous… »

Cette année, Philippe est même venu sur son temps de vacances : « J’ai la chance de pouvoir gérer mon temps comme je l’entends. Je n’ai pas hésité : ici, je me régale ! »

Il reprendra plus tard sa double activité : métrologue, le matin, masseur, l’après-midi dans le cabinet qu’il a ouvert à Romorantin. Et, quand l’heure sera venue, il redeviendra « coach Durpes », actuellement en première division de district, tout en nourrissant l’espoir d’aller, un jour, voir plus haut, comme le lui permet son BEF…

Et il n’y a pas de hasard. Ou si peu. C’est Pascal Bollini, directeur de l’UNFP Football Club et chargé de mission à ESR tout au long de l’année, qui l’a accompagné dès 2011 dans sa reconversion…

 

Deux anciens « stagiaires » de l’UNFP Football Club : Philippe Durpes et Pascal Bollini…

 

« Samedi, alors que nous venions de battre le Paris FC et de remporter notre premier succès, il fallait voir la joie de Pascal, tellement heureux pour les garçons. Heureux, nous l’étions tous pour eux car ils ont travaillé si durement depuis le 20 juin. Cela devait inévitablement finir par payer, on le savait, car si le succès n’était pas venu ponctuer nos trois premières rencontres, le contenu des matches avait été rassurant, réellement porteur d’espoirs. Si attendue et pourtant anecdotique pour nous, cette victoire met avant tout en lumière les qualités du groupe et de chacun de ceux qui le composent. »

Un succès remporté en présence de Robert Malm, parrain de l’UNFP Football Club depuis quelques années déjà. Robert, qui au centre de formation du RC Lens, côtoyait un certain… Philippe Durpes, avec lequel il disputa deux finales de Gambardella, remportant celle de 1992, sous le maillot sang et or…

C’est bien ce que Pépes disait, finalement : des racines, des amis, une famille… Et une certaine idée aussi des valeurs prônées par son sport, celles qui, chez lui, défient le temps et résonnent encore aujourd’hui au cœur de sa passion pour le foot…

Enfin pour finir, rappelons à ce grand taiseux ce proverbe créole : « Les paroles n’usent pas la bouche… »

Il est vrai que Philippe Durpes parle beaucoup plus avec ses mains, accrochées à ses bras d’or…

 

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