Michel Hidalgo, déjà un an…

Posté le 26.03.2021 à 09h55

Il y a un an déjà, le 26 mars 2020, Michel Hidalgo s’en était allé sur la pointe des pieds, quelques jours à peine après son 87e anniversaire.

Hommage au joueur, au sélectionneur et au syndicaliste, président de l’UNFP, qui fut à l’initiative de la création de la FIFPro et qui aura marqué l’histoire du football français et international.

Le joueur

Né au football dans la banlieue de Caen, sous le maillot de l’US Normande, il a grandi sur ce qu’on appelle encore aujourd’hui le Plateau, cette cité ouvrière où l’usine métallurgique, la SMN, logeait ses salariés. Une usine qui n’est plus là aujourd’hui pour se rappeler du temps où Michel et son frère jumeau, Serge, fils d’un ouvrier espagnol, faisaient leurs premières gammes, en tête à tête et des heures durant dès qu’ils en avaient l’occasion.

Ses origines ouvrières, Michel, on le verra, ne les a jamais oubliées…

Repéré par le Havre AC, il y passe deux saisons, après y avoir signé son premier contrat professionnel. Puis Reims, forcément, prend dans ses bras ce milieu, dribbleur, et parfois buteur comme devant le Real Madrid lors de la première finale de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1956… Un but de la tête du haut de ses 168 cm !

Mais c’est à Monaco, que Michel Hidalgo a vécu l’essentiel de sa carrière : 330 matches entre 1957 et 1966, et le temps, au passage, de connaître sa seule et unique sélection en équipe de France (1962, contre l’Italie).

L’entraîneur et le sélectionneur

C’est en 1970, que Michel Hidalgo rejoint la naissante Direction technique nationale, placée sous la direction de Georges Boulogne. Le football français, au niveau international, vit ses heures les plus difficiles, recalé à la porte des grandes compétitions… Lasse de poireauter, la FFF fait, en 1973, appel à Stefan Kovacs, l’emblématique entraîneur du Steaua Bucarest et de l’Ajax Amsterdam, club avec lequel il a remporté notamment deux Coupes d’Europe des clubs champions.

A son côté, Michel Hidalgo va parfaire sa formation deux années durant. Lorsqu’il prend les destinées de l’équipe de France, en 1975, il est fin prêt. Et il va s’appuyer sur ce que l’on a appelé la génération Platini pour mettre ses idées en place – il n’a pas été l’élève d’Albert Batteux pour rien -, celle d’un jeu offensif, aussi beau qu’efficace, qui nous arraché autant de sourires (Coupe du monde 78, Euro 84), que de larmes (Séville, 1982). Le jeu à la Française, marque déposée et férocement défendu par un sélectionneur, n’hésitant pas à entrer sur le terrain et à montrer les dents lorsqu’un émir du Koweït vient à manquer de respect à son équipe et au football.

L’Euro 84, le triomphe du jeu à la française…

 

C’était pourtant le même Michel Hidalgo, l’humaniste, l’amoureux des belles choses.

Et c’est cet homme, dont les larmes de joie ont souvent coulé sur l’herbe verte où les Bleus écrivaient leurs succès, qui décide, au sommet de sa gloire, de quitter le poste de sélectionneur de l’équipe de France. Il n’entraînera plus. Il sera, de 1986 à 1991, le conseiller de Bernard Tapie à l’OM. Puis, il laissera la place aux jeunes…

Le syndicaliste

Son dernier congrès en qualité de président de l’UNFP…

 

Partir après un succès, ce n’était pas la première fois que Michel Hidalgo s’y essayait. En 1969, il avait ainsi quitté la présidence de l’UNFP, moins d’un an après que le syndicat français – créé en 1961 pour atteindre cet objectif ! – a obtenu le contrat à durée librement déterminé : « C’était la fin de l’esclavagisme tel que l’avait qualifié Raymond Kopa, quelques années auparavant. La France était réellement en avance sur son temps. Nous n’en avions pas conscience à l’époque, mais les joueurs français, grâce à l’UNFP, avaient près de trente ans d’avance sur l’ensemble des footballeurs européens… »

Le jour de la création de la FIFPRO…

 

Et dans le monde aussi, mais Michel Hidalgo entendait là marquer la première grande victoire de la FIFPRO, avec l’Arrêt Bosman du 15 décembre 1995, soit trente ans, jour pour jour, après la création du syndicat international qu’il a initié. En 2011, venu fêter les 50 ans de l’UNFP, Michel Hidalgo se souvenait : « Nous étions quelques mois à peine avant la Coupe du monde en Angleterre, la première véritablement télévisée. La FIFA avait négocié des droits et je me suis dit que les joueurs devaient avoir leur part du gâteau. J’ai initié une réunion avec nos homologues anglais, écossais, néerlandais et italiens et nous avons créé la FIFPRO… La FIFPRO a grandi, elle s’est développée, elle compte et joue pleinement son rôle dans le concert international. Mais… les joueurs ne touchent toujours pas leur part sur les droits lors des Coupes du monde. Ce combat-là reste à gagner, même si le statut des footballeurs n’a plus rien à voir avec celui qui était le nôtre en 1965… »

 

 

Un combattant. « Je suis fils d’ouvrier. Je sais qui je suis et d’où je viens. Le football n’a fait que renforcer en moi les valeurs du travail, du partage, du collectif, du don de soi. »

Et de ne jamais tirer la couverture à soi. L’humilité, c’était aussi l’un des traits marquants de la personnalité de Michel Hidalgo, capable de refuser le ministère des Sports dans le premier gouvernement Fabius, en juillet 1984. Il ne se sentait pas capable de profiter, seul, de la victoire de tout en groupe à l’Euro, quelques jours auparavant. Le Championnat d’Europe des nations, ce premier titre majeur, remporté par l’équipe de France qui a fait, pourtant, sa gloire et sa renommée.

On ne dira jamais assez merci à Michel Hidalgo. Les footballeurs français, les footballeurs du monde entier lui doivent tellement. Et l’UNFP et la FIFPRO aussi.

Michel Hidalgo restera l’une des figures marquantes du football français et international. Un homme comme il y en existe peu. Les succès qui ont parsemé sa route – et ils ont été nombreux ! – n’ont jamais changé l’homme bon, honnête et droit qu’il était, ni altéré les valeurs qu’il a défendues toute sa vie.

 

Philippe Piat, Just Fontaine, Michel Hidalgo et Sylvain Kastendeuch: les quatre présidents de l’UNFP.

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