Guillaume Legras, l’aventure italienne

Posté le 10.11.2016 à 14h41

A 26 ans, le milieu de terrain et ancien capitaine de la CFA de Montpellier, Guillaume Legras, évolue, depuis l’été 2013 et son passage à l’UNFP FC, en Italie. Une expérience dont il ne regrette absolument rien…

« A l’été 2013, tu es en fin de contrat à Montpellier, avec peu de perspectives à l’horizon…

Ce n’était pas une période très simple pour moi. Je sortais d’un contrat de 3 ans à Montpellier avec une première saison un peu tronquée par les blessures et quelques bancs de touche en L1. La deuxième, je suis prêté à Martigues en National, l’année du titre de champion de France de Montpellier, où je me suis bien aguerri. Mais à mon retour, je savais que ça serait difficile pour moi d’avoir du temps de jeu. J’ai beaucoup travaillé, mais je n’ai pas eu ma chance. Je regrette ma non-relation avec le coach, car j’aurai aimé comprendre ce qu’il attendait de moi, qu’il me donne des axes de progression, mais je n’ai jamais eu de retour. J’ai eu quelques propositions de clubs de National à l’intersaison, que j’ai refusées…

Tu viens alors te préparer au stage UNFP. Dans quel état d’esprit étais-tu arrivé ?

Je ne connaissais pas ce stage organisé par l’UNFP, et c’est Philippe Flucklinger, notre délégué régional, qui m’en a parlé au cours de la saison et qui m’a convaincu d’y participer. J’ai beaucoup bossé physiquement les derniers mois avec la CFA avant de venir au stage.

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As-tu hésité avant de rejoindre notre club ?

En sortant d’un cursus professionnel,  je ne voulais pas rester seul dans mon coin. J’avais besoin d’une structure pour continuer à m’entraîner. Je me suis posé des questions sur la qualité des entraînements et sur le niveau des joueurs présents. J’ai regardé les noms des années précédentes, et il y avait pas mal de joueurs passés par la Ligue 1 et la Ligue 2. J’ai été pleinement rassuré. L’organisation des séances était top. On avait l’impression d’être dans un club, même si le stage ne s’appelait pas encore UNFP FC en 2013. Au bout d’une ou deux journées, on est vite dans le bain. Il y avait une grande solidarité entre nous car on était tous dans la même situation. On mettait beaucoup d’intensité sur le terrain.

« Tout le monde a mouillé et respecté Le maillot de l’UNFP ! »

D’ailleurs, l’équipe tournait très bien lors des matches amicaux, on en parlait beaucoup de l’équipe de l’UNFP…

Oui, c’est vrai, on avait des joueurs d’expérience comme Youness Bengelloun, qui nous encadraient et qui avaient un rôle très important sur et en dehors des terrains. Youness avait les mots justes avant les matches, il nous transmettait cette volonté de ne rien lâcher. L’équipe avait un vécu important, et ça nous a aidé à faire des bons résultats. Tout le monde a mouillé et respecté le maillot. Humainement, c’est un de mes meilleurs souvenirs. J’ai gagné la Gambardella avec Montpellier et c’était un moment très fort mais dans un autre registre, l’aventure que j’ai vécue avec l’UNFP était aussi forte.

Comment as-tu vécu cette période ?

C’est une période qui m’a beaucoup apportée. Quand j’étais au stage, je ne voulais rien regretter. Les coaches, Serge Romano et Stéphane Crucet, nous ont beaucoup aidés, en dehors et sur le terrain.

Au départ, ils m’ont demandé de dépanner au poste de latéral. Je l’ai fait naturellement et ça m’a fait progresser. Cela pouvait me donner plus de possibilités. Je savais par exemple que Châteauroux, contre qui nous avions joué en recherchait un. Puis, le coach m’a replacé au milieu. Je n’ai jamais baissé les bras et ça a payé.

Tu es finalement repéré lors du Tournoi FIFPro, où s’affrontent des sélections de joueurs sans contrat de plusieurs pays.

Exactement, un recruteur Italien, qui travaillait pour la Reggina en Serie B était présent dans les tribunes et est venu me parler après un match. Le lendemain je suis parti les rejoindre dans leur stage d’avant-saison.

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Mais tu n’as pas signé là-bas…

Je suis resté deux semaines avec l’équipe. Le coach Atzori était content de moi, mes coéquipiers pensaient que j’allais signer et puis à quelques jours de la fin du mercato, j’apprends qu’on ne me conserve pas. C’était dur. Quelques jours après, le club a fait signer un jeune milieu du Milan AC, Rodney Strasser…

Tu as pu rebondir à Barletta…

Le recruteur qui m’avait repéré au dans les tribunes du tournoi FIFPro a continué à travailler pour moi, parce qu’il aimait bien mon profil. Il a contacté un agent qui m’a trouvé Barletta en Serie C. Je ne connaissais pas le club, j’ai passé deux, trois jours là-bas, pour voir comment c’était. Le niveau était plutôt bon, ça jouait au sol. J’ai signé pour deux saisons.

Comment s’est passé ton intégration en Italie ?

J’avais des facilités avec l’apprentissage des langues étrangères et heureusement pour moi, parce qu’en Italie, on est vite jugé sur la tactique, l’apprentissage des schémas de jeu, des consignes du coach, c’est fondamental. Il faut donc très vite maîtriser la langue, sinon tu peux être vite écarté. J’ai appris les bases en quelques semaines.

Comment se sont passées tes deux années à Barletta ?

J’en garde un très bon souvenir. J’ai fait deux saisons pleines, 60 matches en 2 ans. J’ai des regrets sur la deuxième saison. Notre équipe était très bonne, mais le club a connu des difficultés financières, qui nous ont vraiment pénalisées. Nous n’avons pas été payés pendant 4 mois. Le club a eu un retrait de 8 points. Un nouveau coach est arrivé, nous avons enchaîné de mauvais résultats. Nos espoirs de montée se sont alors envolés. Le club a fait faillite en fin de saison. Nous avons pu récupérer 2 mois et demi de nos salaires grâce à l’AIC, l’équivalent en Italie de l’UNFP, qui s’est très bien occupé de nos contrats.

« Tactiquement, j’ai tout appris en Italie »

Te voilà à nouveau au chômage…

J’ai eu des contacts l’été suivant avec des clubs de Serie C. Je voulais au moins jouer la montée, mais ce sont essentiellement des clubs du milieu de tableau qui m’ont approchés. J’attendais également que mon entraîneur de Barletta, Marco Sesia, retrouve un club. J’ai signé pour 6 mois avec lui en Janvier à l’Albinoleffe. Le club était avant dernier quand je suis arrivé et je pensais qu’avec le nouveau coach on arriverait à remonter un peu au classement, mais on n’a pas réussi. Je suis resté sérieux, j’ai fait mes matches.

Tu as quitté l’Albinoleffe pour Vibone cet été…

Oui, c’est mon troisième club en Italie, en Calabre et toujours en Serie C. J’ai un coach qui me fait vraiment confiance. On joue pour le maintien cette saison, mais j’espère qu’on va remonter au classement et se maintenir tranquillement.

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Tu sens que tu as vraiment progressé en Italie ?

Oui vraiment. Chaque année, j’essaie de travailler sur mes défauts. Tactiquement, c’est clair, j’ai tout appris ici. Dans les matches, les équipes cherchent à jouer au sol, donc forcément dans le jeu, on progresse de jour en jour. Par contre dans l’impact, il faudra que je remette à niveau si je reviens en France, car l’intensité n’est pas la même là-bas.

« En Italie, on sent réellement qu’on est footballeur »

Un mot au niveau de la ferveur du public ?

La ferveur du public, notamment dans le sud de l’Italie est incomparable. Lors de ma deuxième année à Barletta, nous avons joué devant 20000 spectateurs dans une ambiance incroyable pour la montée de la Salernitana en Serie B. C’était fou, les 20000 spectateurs étaient tous debout à chanter, à supporter leur équipe.

On me reconnaissait dans la rue. En Italie, on sent qu’on est footballeur. La pression est également très forte quand ça ne va pas. Mais moi cette pression me stimule,  j’en ai besoin.

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Avec le recul, que gardes-tu de ton expérience avec l’UNFP  ?

Cette expérience, je la garde toujours dans un coin de ma tête. C’est un peu mon garde-fou. Je m’en sers dans les moments où ça ne va pas. Je repense aux gros efforts que j’ai réalisés au stage. J’ai réussi à relever la tête dans une période très compliquée où j’étais tout seul, hormis l’UNFP, et à contrario, je m’en sers également après un gros match, ça m’évite de m’enflammer.

Je me suis vraiment battu au stage UNFP et la visibilité, je l’ai eu à 100% grâce à l’UNFP, je le répète. Je voulais vraiment vous remercier.

On ne te le souhaite pas, mais si un jour tu reviens en France, tu sais que la porte de l’UNFP FC t’es ouverte…

Avec plaisir, j’ai failli refaire le stage l’année passée, mais comme j’avais  des contacts en Italie, j’ai préféré rester là-bas. Je sais que la porte m’est ouverte et j’en profite pour encourager les joueurs libres à venir se préparer dans cette structure, ils en ressortiront plus forts.  »

Propos recueillis par Philippe Rossi.

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