Le bonheur n’est pas dans le prêt…

Posté le 01.12.2016 à 15h44

Mercredi, Enzo Crivelli, en raison d’un accord négocié lors de son prêt, ne figurait pas sur la feuille de match de la rencontre entre Bastia – son club actuel – et Bordeaux, le club qu’il a quitté l’été dernier, mais auquel il « appartient » toujours.

Homologués par la Commission juridique de la LFP, contre l’avis de l’UNFP – qui prêche ici dans le désert, ce qui n’étonnera personne ! -, les petits arrangements entre… amis comme celui-ci ne sont que la partie émergée d’un système qui, sur fond de mercantilisme sauvage, se moque de l’éthique, cette valeur refuge, aujourd’hui déjà bafouée à l’envi.

L’éthique, cette valeur refuge, aujourd’hui déjà bafouée à l’envi…

Longtemps consignées sous seing privé, au nez et à la barbe des règlements de la LFP, ces clauses s’affichent donc désormais au grand jour dans l’indifférence quasi générale, alors que l’on sait les pressions exercées sur les joueurs, qui, sans atteindre les violences révélées par l’enquête de la FIFPro dévoilée mardi (1), doivent néanmoins être dénoncées avec la plus grande vigueur.

Même si la Charte du football professionnel encadre les prêts, aujourd’hui encore gratuits chez nous (2), leur libéralisation voulue par les présidents de clubs – si le bon sens ne finit pas par l’emporter – va créer un marché parallèle à celui des transferts, uniquement dicté par l’appât du gain, imposé aux joueurs, et qui fera fi de leur carrière puisqu’il ne s’agira plus, dès lors, ni de football, ni de sport…

Une fois encore, les dirigeants français n’ont regardé que par le gros bout de la lorgnette et en direction de l’Angleterre où les prêts s’achètent et se vendent à la criée, au point qu’un club comme Chelsea a prêté 38 de ses joueurs l’été dernier… Ce qui n’a pas de sens, convenons-en avec Lucas Piazon, joueur brésilien de 22 ans, arrivé à Chelsea en 2012, qui n’a joué que trois matches avec les Blues, et qui est prêté pour la cinquième saison de suite : « Cela n’a aucun sens d’être ainsi prêté tout le temps. Au regard de mon expérience, je ne vois pas cela comme quelque chose de positif. Etre dans un endroit différent, chaque année, n’est pas bon pour un jeune joueur comme moi. Dans ces conditions, il est difficile d’obtenir une place dans l’équipe et de progresser… »

C’est cette marchandisation-là que la loi Braillard va installer en France, d’autant plus aisément qu’elle autorise, fruit d’un lobbying forcené, les clubs à monnayer les prêts. C’est cette marchandisation – et toutes les dérives qu’elle engendrera – que l’UNFP dénonce et contre laquelle elle est bien décidée à peser de tout son poids !

UNFP

 

  • (1) « Les conditions de travail dans le football professionnel » (FIFPro, novembre 2016)
  • (2) D’après la Charte du football professionnel, les prêts en France sont gratuits. Un club ne peut pas prêter plus de sept joueurs. Un club ne peut pas accueillir plus de cinq joueurs en prêt. Un club ne peut pas prêter plus de deux joueurs à un même club. Un club ne peut pas accueillir plus de deux joueurs prêtés par un même club. C’est la règle dite du 7-5-2.

 

 

Enzo Crivelli, prêté par Bordeaux à Bastia, ne peut pas jouer contre les Girondins...
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