Dikamona: «En Angleterre, la moindre erreur se paye cash!»

Posté le 04.02.2017 à 09h16

A la fin du stage UNFP FC, en 2015, Clevid Dikamona, défenseur central de 26 ans, signait dans le club anglais de Dagenham & Redbridge, dans la banlieue de Londres. Une opportunité qu’il a su saisir pour rebondir aujourd’hui en Ligue 2 à Bourg-Peronnas. L’Arrêt sur le parcours anglais d’un jeune international congolais est le second volet de notre article consacré à un joueur qui mérite d’être connu…

Le-Clev-Dikamona-avec-Dagenham

« Clevid, comment t’es-tu retrouvé à Dagenham & Redbridge ?
Je participais à l’UNFP FC et le stage touchait à sa fin. Alors que nous venions de nous imposer à Guingamp (1-0), que nous étions dans le bus sur le chemin du retour, je reçois un appel de mon agent, qui me propose un essai en Angleterre. Je suis parti dans la foulée, j’ai participé à un match amical contre Crystal Palace qui s’est plutôt bien passé pour moi, et puis j’ai signé un contrat d’un an. Voilà comment a débuté cette aventure anglaise…

Comment s’est déroulée ton intégration ?
Ça été un peu difficile, notamment à cause de la langue. Je n’avais que des bases scolaires et j’ai vraiment eu du mal au début car les Anglais parlent très vite et ne font pas spécialement d’efforts pour se faire comprendre des étrangers. Ce sont surtout mes colocataires, côtoyés en attendant mon installation définitive, qui m’ont vraiment bien aidé. Je les en remercie (rires).

Quelle était la philosophie de jeu ? Du kick and rush, des combats physiques ou vous jouiez quand même un peu au ballon ?
Dagenham & Redbridge n’était pas forcément le plus grand club de League Two (la 4e division anglaise, Ndlr). Il y avait dans l’effectif certains joueurs capables de bien jouer au ballon, mais avec l’objectif du maintien, on était plus dans du kick and rush, avec la volonté d’apporter le danger le plus directement et le plus rapidement possible dans la surface adverse. On a quand même rencontré des équipes de haut de tableau comme Portsmouth, New Orient ou Luton, qui jouaient essentiellement au sol.

Il faut donc revoir l’image que l’on a du football anglais dans les divisions inférieures…
Tout à fait ! En Angleterre, comme ailleurs, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier. Certaines équipes essaient même de se rapprocher de la Championship (D2) et de la Premier League (D1) en posant le ballon. Grâce aux droits TV très importants, les équipes de League One (D3) et de League Two peuvent attirer de très bons joueurs. Kevin Nolan, l’ancien attaquant de Bolton et de Newcastle, s’est retrouvé par exemple à Leyton Orient en League Two, après avoir résilié son contrat avec West Ham, dans une équipe qui joue très bien au ballon.

 

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« Do your job or get out ! »

A-t-eu été surpris par l’intensité dans le jeu ?
J’avais déjà eu la chance de faire des essais en Angleterre quand j’étais au Havre, mais cela n’avait pas abouti. J’avais seulement participé à des matches amicaux. La saison passée, j’ai découvert l’intensité des matches officiels. Et cela n’a rien à voir. Le ballon sort peu du terrain, l’arbitre laisse beaucoup jouer, on est donc constamment sollicité. Physiquement, c’est très dur, et mentalement, c’est difficile de garder en permanence sa concentration. La philosophie peut se résumer comme ceci : « Do your job », sinon on met un autre joueur à ta place. La moindre erreur ne pardonne pas et se paye cash.

Un exemple ?
J’ai été titulaire au début de saison, j’ai enchaîné les matchs. Lors d’une rencontre contre Leyton Orient sur notre pelouse, je lâche mon marquage sur un corner, on prend un but. Le coach m’a aussitôt sorti de l’équipe. Derrière, le joueur qui m’a remplacé n’a pas saisi sa chance et l’entraîneur m’a réintégré dans l’équipe. On ne te fait pas de cadeau. J’ai gardé cette exigence en revenant en France.

Dans quels domaines as-tu progressé en Angleterre ?
Sur l’autonomie, le travail individuel, la récupération. Ce sont des choses que l’on apprend plus jeune, mais que l’on ne met pas forcément en pratique ensuite. A Dagenham, on prenait le petit-déjeuner tous ensemble vers 8h30. On partait faire nos étirements ou du renforcement musculaire et l’entraînement débutait ensuite seulement. On restait plus longtemps au club après la séance pour se relâcher physiquement ou mentalement avec le staff médical. Le club t’explique précisément ce qu’il attend de toi en début de saison, puis il te laisse te gérer. J’ai vraiment pris conscience de tous ces détails qui te permettent d’être plus performant sur le terrain.
Quels souvenirs as-tu gardé de l’ambiance dans les stades ?
Mon meilleur souvenir, c’était lors d’un match de FA Cup à Everton. Je pensais que le stade sonnerait un peu creux, mais on a joué à guichets fermés devant 43 000 personnes. C’était juste extraordinaire ! En championnat, on jouait en moyenne devant 10 000 personnes dans une compétition qui est l’équivalent en France de la CFA. Pour le premier match de la saison, je n’étais pas qualifié, mais j’ai quand même accompagné l’équipe à Portsmouth. On a joué devant 18 000 personnes, dans une ambiance électrique. J’en ai pris plein les yeux. »

Recueillis par Philippe Rossi

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