Charles Diers et la Dalle Angevine
Posté le 25.04.2017 à 12h45Après avoir disputé 266 rencontres sous les couleurs du SCO Angers, Charles Diers a raccroché les crampons la saison dernière, tout comme son compère Olivier Auriac. Ils sont aujourd’hui les fers de lance de la « Dalle Angevine », une expression née sur les terrains, un soir de victoire, devenue une association dont l’objectif est de valoriser et promouvoir la vie sportive angevine…
Charles, comment est née la Dalle Angevine ?
En septembre 2012, on se déplace en Corse sur la pelouse du Gazélec Ajaccio et on joue un match très compliqué. On subit la pression tout le match, on est en difficulté, et on marque sur un contre à la 75e minute sur notre seule occasion. On arrache la victoire au mental. Dans le vestiaire, Olivier Auriac lance son cri de guerre « c’est ça les gars, on a la dalle, on a la dalle angevine !». Il l’a repris le soir-même sur twitter, avec le hashtag #LaDalleAngevine, qui a aussitôt circulé chez nos supporters.
L’histoire de « La Dalle Angevine » va s’écrire sur le terrain tout au long de la saison…
Exactement. On a beaucoup parlé du SCO Angers lors de la saison 2012-2013 parce qu’on a inscrit 12 buts et pris 12 points dans les arrêts de jeu. J’ai des anecdotes magiques en tête. A Châteauroux, on perd 2-1 à la 90e, et on entend sur le terrain David de Freitas, qui jouait encore à Angers quelques semaines auparavant, dire « c’est des malades en face, ce n’est pas fini avec eux les gars ». On gagne finalement 3-2. Le scenario se répète contre Lens. On perd 2-1 à la 88e, et on renverse le match pour l’emporter 3-2. On est mené 3-1 contre Dijon à la 85e, et on arrache le nul 3-3. On s’impose à Tours dans les arrêts de jeu. Ce sont moments magnifiques à vivre. On était réputé pour notre capacité à ne rien lâcher tant que le coup de sifflet final n’était pas donné. On n’est pas monté, mais une vraie histoire s’est créée, construite à travers ce que nous avons mis sur le terrain. Au mois d’avril, Eurosport invite le coach Stéphane Moulin pour une émission, avec écrit en gros sur l’écran géant du plateau « La Dalle Angevine ».
« La Dalle Angevine » est devenue une marque à part entière…
Ce soir-là, en regardant Eurosport, ma femme, qui travaille dans le droit, me dit qu’il faudrait penser à protéger cette marque pour éviter que des gens ne s’en servent à mauvais escient. J’appelle Olivier, je lui explique. Le lendemain à l’entraînement, Olivier me dit : « Charles, j’ai reçu plein de coups de téléphone pendant l’émission pour créer des t-shirts, pour sortir une chanson. Je vais déposer la marque, mais on fait ça tous les deux ». Banco, on la dépose, on décide de créer la page Facebook, le compte twitter, mais sans trop les alimenter au départ.
C’est finalement grâce à la montée en Ligue 1 que le projet va s’accélérer…
Effectivement, trois, quatre mois avant de retrouver l’élite, on se dit que ce serait dommage de ne pas profiter cet engouement. On recrute un community manager pour développer les réseaux sociaux. On décide avec Olivier de communiquer sur tous les sports angevins et sur tous les niveaux de pratique, avec la volonté de fédérer la communauté sportive angevine, du club de foot de DH, aux hockeyeurs des DUC, en passant par les pongistes. On ne voulait surtout pas faire de la presse quotidienne, de l’analyse de match, mais valoriser, mettre en avant les sportifs, raconter de belles histoires…
Et ce n’était que le début…
On a créé une association, et on a lancé en fin 2016 notre site internet (www.ladalleangevine.com). On voulait aussi mettre en lumière les gens du sport dont on ne parle pas souvent, le chauffeur du bus, le speaker, la stadière. Ce sont ce genre de sujets qui fonctionnent le mieux. On veut montrer que le sport n’est pas que le résultat brut sur le terrain, qu’il y a autre chose derrière. Une dizaine de bénévoles collaborent à ce projet, des anciens journalistes, des étudiants en licence de communication. Ils sont là par passion et parce qu’ils prennent du plaisir.
Vous avez réussi fédérer les groupes de supporters…
L’an dernier, les filles du basket féminin jouaient leur maintien en D1. Grâce à un peu de buzz sur twitter, on a réussi à rassembler plusieurs groupes de supporters, pour aller les encourager. C’était un peu rock’n’roll d’emmener des supporters de foot dans une salle. Les filles ont joué leur match du maintien devant 2 500 personnes et ont gagné. C’était une super expérience.
Finalement, Charles, tu es l’exemple même de la Dalle Angevine. Tu as été le joueur le plus âgé à être titularisé en Ligue 1 et tu as marqué ton premier but en Ligue 1 lors du match qui a quasiment assuré le maintien d’Angers à la 92e minute…
C’est vrai, c’est le reflet de ma carrière. Je n’ai pas fait 300 matches de L1. J’ai fait mes 15 matches sur le tard. J’aurais aimé en faire plus, c’est certain, mais je ne regrette rien. Quand les journalistes m’ont appelé pour me dire que j’étais le joueur le plus âgé à connaître la Ligue 1, je croyais qu’ils me chambraient. Même mes enfants me disaient que ce n’était pas un record, que c’était un record à l’envers. Mais quand tu racontes cette histoire dans les entreprises, comme j’ai pu le faire, ça a beaucoup de sens en fait. Cela permet de dire au patron et aux salariés qu’il n’est jamais trop tard, qu’il faut toujours croire que c’est possible.
Surtout à Angers…
Dans certains stades, quand l’équipe perd, les supporters partent à la 88e. Ici, ils ne bougent pas. Tu sens le public bouillir. Sur le terrain, tu es habité par une force parce que tu sais que ce n’est pas fini. Et tu sens qu’en face, les adversaires ne sont pas sereins, ils ressentent cette détermination et cette solidarité entre les joueurs. C’est ça la Dalle Angevine. »
Recueillis par Philippe Rossi