Utilisation des données: l’UNFP veille au grain!

Posté le 05.02.2018 à 15h36

Partenaire de la conférence « De l’exploitation des données à l’intelligence artificielle », lors du Think Football 2018, à l’Université Paris-Dauphine, jeudi dernier, l’UNFP, tout comme la Fnass dont elle est membre, souhaite que les profonds changements en marche se fassent avec l’assentiment des sportifs, les premiers acteurs dont il faut impérativement tenir compte. Dans un esprit constructif, et parce qu’elle est y est toujours ouverte, l’UNFP prône ici auss le dialogue… Le progrès, oui, mais pas au détriment de la liberté et des intérêts des footballeurs !

 

« Tous, nous faisons le même constat : la révolution portée par le Big Data dans le monde du football n’en est qu’à ses prémices, et  elle est à même de changer jusqu’à notre façon de regarder un match, de se passionner pour une compétition, d’être fan de tel ou tel joueur.

A l’UNFP, nous considérons certes que les nouvelles technologies permettent de maximiser la valeur des données – c’est là un point primordial dans un sport subtil et complexe comme peut l’être le football professionnel -, et qu’il est donc important d’appréhender à sa juste mesure ce nouveau virage, incontournable pour les futurs enjeux de consommation et de développement du football professionnel.

Dès lors, se pose une première question, évidente et primordiale à nous yeux, puisque les réponses vont conditionner cette révolution déjà en marche : comment permettre à tous les acteurs de bien accompagner ces profonds changements, afin que tout le monde y trouve son compte, y compris les athlètes, dont on oublie beaucoup trop souvent qu’ils sont de fait les principaux contributeurs…

Et un des principaux enjeux à prendre très sérieusement en compte est la mauvaise utilisation des données. C’est facile à comprendre, dans un secteur aussi concurrentiel que le football, y compris pour les joueurs, puisqu’il repose sur les performances individuelles de ces derniers. Dès lors, il faut tenir compte de la capacité des sportifs à refuser de contribuer à la collecte des données, non seulement parce qu’elles pourraient être utilisées contre eux, mais tout simplement aussi parce c’est leur droit. Car un élément fondamental doit toutefois guider l’ensemble de nos réflexions : le sportif professionnel est avant tout un citoyen de l’Union Européenne, et c’est à ce titre qu’il doit pouvoir aussi bénéficier de la nouvelle réglementation, qui vise à offrir à chacun d’entre nous une protection de l’ensemble de nos données personnelles.

 

Data2

Il est dans l’intérêt de tous de prendre conscience que le sportif n’est pas uniquement une source de données, mais qu’il participe pleinement, au même titre que l’ensemble des acteurs, à la construction du football de demain et de ce nouveau marché.

A ce titre, le joueur doit bénéficier du cadre mis en place par les réglementations nationales et internationales successives, dont la dernière en date, la réglementation européenne sur la protection des données personnelles, sera applicable dès mai 2018.

  • Quelles limites à définir ?

Les limites sont définies par la réglementation européenne, qui repose sur trois notions essentielles : le consentement de la personne dont les données sont collectées, la confidentialité et la sécurité des données recueillies, ainsi que le droit d’effacement, pour la personne concernée, des données collectées (ou droit à l’oubli).

Les principaux enjeux tournent aujourd’hui, autour de la notion de consentement du sportif.

  • Comment protéger leurs données personnelles ?

En construisant ensemble un cadre juridique sécurisé, propice au développement technologique. Or, les développements technologiques évoqués depuis le début de cette intervention n’ont d’intérêt que s’ils sont recueillis de manière identique, ou du moins comparable, et sur un nombre conséquent de joueurs, sinon sur tous.

D’où l’importance de construire un mécanisme centralisé avec l’UNFP notamment, qui, seule, est légitime à porter la parole des sportifs et à défendre leurs intérêts, collectivement comme individuellement.

 

Recherche de performance, encore et toujours… Nous voyons que l’essor de l’intelligence artificielle est devenu aussi un allié des athlètes, des amateurs comme des professionnels.

Mais l’amélioration de la performance à tous prix – à n’importe quel prix ? – justifie-t-elle à elle seule que les données de santé ou les données médicales du sportif soient divulguées ?

L’amélioration de « l’expérience spectateur » justifie-t-elle à elle seule le fait que le sportif soit privé de ses droits fondamentaux les plus élémentaires ?

Comment le sport professionnel arrivera-t-il à prendre en compte ces exigences nouvelles, sachant qu’il en va de l’intérêt de tous de ne pas se mettre en marge d’un règlement juridique contraignant, et dont les violations sont lourdement sanctionnables ?

Comment le sport professionnel réussira-t-il à appréhender économiquement ce virage technologique ?

C’est à cette série de questions que nous devons répondre avec tous les acteurs, au premier rang desquels se trouvent les sportifs, tant ce sujet est devenu au fil des mois un enjeu majeur du développement du sport professionnel pour les années à venir.

C’est donc dans une démarche constructive que l’UNFP se positionne aujourd’hui, pour accompagner tous les acteurs et ainsi définir des modalités sécurisées, qui respectent les réglementations et les droits des footballeurs, afin qu’elles soient réellement profitables à tous.

Tous ? C’est-à-dire l’ensemble des parties intéressées dans le football, mais il faut aussi prendre conscience que le football doit servir de locomotive aux autres disciplines, tout autant concernées par ces mêmes problématiques.

Le travail effectué par l’UNFP est d’ailleurs partagé par l’ensemble des structures représentants les sportifs professionnels en France, notamment au sein de la Fnass.

 

L’UNFP

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