« Les mamans n’ont plus peur d’inscrire leurs filles au foot ! » Sarah M’Barek

Posté le 23.04.2019 à 11h12

Pionnière du professionnalisme en France, devenue aujourd’hui entraîneuse, Sarah M’Barek connaît parfaitement les réalités du football au féminin. C’est pourquoi, si quelques freins et préjugés demeurent, elle croit dur comme fer à l’avenir.

Quel regard portes-tu sur l’évolution du football féminin professionnel depuis tes débuts en tant que joueuse ?

Un regard très positif et très optimiste quant à l’évolution du football féminin professionnel en France et dans le monde. J’ai fait partie des premières joueuses professionnelles, même si le premier contrat que j’avais signé n’avait pas la forme de ceux paraphés aujourd’hui. Il n’empêche, je me sentais réellement professionnelle et je pouvais vivre de ma passion. J’avais vraiment à cœur de montrer que notre football féminin était tout aussi spectaculaire que celui des hommes, et surtout qu’il méritait qu’on s’intéresse à lui.

Pari gagné !

Disons que les choses ont bien évolué, effectivement et à différents niveaux… D’abord sur le plan de l’état d’esprit, la professionnalisation a obligé les joueuses à modifier leurs attitudes, pour qu’elles puissent correspondre ainsi beaucoup plus aux attentes que l’on peut avoir envers des sportives de haut niveau. Et l’entraîneuse que je suis devenue le constate au quotidien. Cela a permis de gagner en crédibilité.

Et encore ?

Sur le plan athlétique, l’évolution est très nette et très appréciable, car c’est ce qui a aussi certainement permis d’attirer des spectateurs qui regrettaient que « ça n’aille pas assez vite chez les filles ». Aujourd’hui, les joueuses sont des athlètes et leurs niveaux s’élèvent encore d’une saison sur l’autre. Pour ma génération, la musculation représentait une réelle « crainte », nous avions peur de ressembler à des hommes avec de gros muscles, et nous n’étions vraiment pas fans…

 Aujourd’hui, c’est devenu obligatoire…

Depuis quelques années, les joueuses ont compris que la musculation et tout ce qui va avec fait partie intégrante du bagage d’une sportive de haut niveau, et qu’il est nécessaire de travailler aussi en dehors du terrain, ne serait-ce que dans le cadre de la prévention des blessures.

Mais cela ne suffit pas à expliquer l‘intérêt grandissant suscité par le football au féminin…

Les médias et les personnes influentes dans le milieu du football ont également permis de prendre plus au sérieux notre discipline. Certaines personnalités ont œuvré pour donner des moyens aux femmes. Et ces coups de pouce ont permis à chaque fois de franchir des paliers, les uns après les autres. Lentement, peut-être diront certains, mais sûrement. Quelles que soient les motivations de toutes ces personnes, il est sûr que sans elles le football féminin n’aurait pas eu l’essor qu’il a actuellement : cela aurait mis plus de temps encore.

Qu’est ce qui a le plus changé ? Quelles difficultés demeurent cependant ?

S’ils restent certains freins, si quelques préjugés demeurent, ce qui a le plus changé, c’est le regard des gens sur notre discipline, l’intérêt qu’elle suscite et le respect qu’elle inspire. Il est de notre responsabilité à toutes et à tous de continuer à porter les valeurs qui font notre force.

La médiatisation et l’image que l’on donne du football féminin sont très positives et nous permettent d’attirer toujours plus de personnes. Et les mamans n’ont plus peur d’inscrire leurs filles au football !

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