L’UNFP décrète l’état d’urgence !

Posté le 12.10.2019 à 17h51

Il est des Assemblées générales dites ordinaires, qui n’en sont pas vraiment. Celle de l’UNFP, ce samedi 12 octobre à Paris, par exemple, a été extraordinaire à plus d’un titre…

Comme l’a souligné Philippe Piat, notre coprésident, dans son allocution de bienvenue, la présence de plus de 80 joueurs, délégués représentants 32 clubs – dont six féminins pour la première fois – témoigne de l’intérêt grandissant des footballeurs professionnels pour leur métier et de la confiance à leur syndicat dans un climat politique, qui, il est vrai, se dégrade au même rythme que le dialogue social, rendu en France à la portion congrue.

Cette démonstration de force de l’UNFP renvoie à la mobilisation dont ont témoigné les joueurs, la saison dernière, face notamment au non-respect de l’article 507 de la Charte, comme l’ont rappelé Philippe Piat lors de cette assemblée et comme Sylvain Kastendeuch, coprésident lui aussi, le martèle lors de la tournée des clubs qu’il a entrepris, il y a un peu plus d’un mois…

« Alors qu’une ou deux dizaines de cas étaient portés à notre connaissance, par le passé, ce sont 147 joueurs qui ont été mis à l’écart, impactant 16 clubs de Ligue 1 et 8 de Ligue 2. Nous savons que, par peur des représailles, 7 joueurs seulement ont saisi la Commission juridique de la LFP, qui, chaque fois, a réclamé leur réintégration… Mais ne va pas plus loin, en obligeant les clubs à respecter ses décisions.

« En novembre 2018, faut-il rappeler qu’on a même appris le licenciement d’Anatole Ngamukol. Le Stade de Reims, son employeur, dribblait ainsi la décision de la Commission Juridique, jusqu’à invoquer une faute grave du joueur…

« C’est un cas symptomatique des pratiques, nouvelles, qui témoignent de la volonté affichée, assumée, des clubs de se moquer du respect des contrats, des droits des footballeurs et des garanties dont ils peuvent se prémunir… »

Et Philippe Piat d’enchaîner : « Nous parlions d’état d’alerte, ici même l’an passé. Mais, et nous en sommes les premiers à le regretter, l’alerte s’est transformée en urgence avec une LFP dépassée, avec des syndicats de clubs, qui ne parlent pas d’une même voix, avec désormais aussi des collèges formés à l’intérieur desdits syndicats et qui, eux aussi, ont leur propre vision, ou plutôt défendent leurs propres intérêts…

« Nous, à l’UNFP, nous parlons d’une seule et même voix et nous devons porter notre parole, qui est la vôtre, à six ou sept entités différentes… Comment voulez-vous qu’il puisse en sortir quelque chose de positif, même si nous sommes, comme nous l’avons toujours été, partisans du dialogue ?

« Il ne s’agit pas ici de noircir le tableau, mais sachez que nous n’hésiterons pas, si les choses restent en l’état, à faire appel à vous. Votre présence massive à cette assemblée, compte tenu de ce climat qui nous inquiète, doit être entendue comme la preuve de votre mobilisation et nous permet, une fois encore, d’envoyer aux instances et aux dirigeants un message fort : ça suffit ! »

 

 

Partout en progrès !

L’inquiétude qui va grandissante ne touche d’ailleurs pas uniquement les joueurs, puisqu’au sein de l’Union des Acteurs du Football, l’UAF, chaque membre rapporte les mêmes attaques faites à leur statut, les mêmes difficultés à faire respecter les contrats, la même impossibilité à installer un dialogue gagnant-gagnant avec les employeurs.

Forte d’un taux d’adhésion qui s’affichait à 90 pour cent, la saison dernière, l’UNFP est, par ailleurs, parfaitement en ordre de marche, avec un bilan financier positif, des services qui répondent parfaitement aux attentes et aux besoins de joueurs. Elle est également particulièrement active, avec la Fnass dont elle est membre, au niveau des élections au Comité Social et Économique dans les clubs, où la représentation des sportifs est passée, ces douze derniers mois, de 46 à 60%…

Autre augmentation notable, celle du nombre de nos adhérentes avec une progression de 30 pour cent et des joueuses de plus en plus concernées et décidées, avec l’UNFP, à faire progresser leur statut, à coconstruire le calendrier, à tendre à une amélioration tangible de l’arbitrage, qui n’a pas suivi la courbe de progression des joueuses, le tout pour continuer à affirmer qu’il n’existe qu’un seul et même football.

Autre motif de satisfaction, le succès de notre Passeport Pro. Voilà un an maintenant que l’UNFP propose ce nouveau service pour accompagner les jeunes joueurs, fraîchement professionnels ou en passe de le devenir. Passeport Pro les accompagne pour bien démarrer dans leur nouvelle vie d’homme et dans leur carrière naissante de footballeur avec un programme de formation de 11 modules réalisés par des experts et regroupés en 3 grandes thématiques : apprendre à communiquer, le joueur salarié et l’hygiène de vie du footballeur.

En cette première année, 16 clubs (10 de ligue 1, 5 de ligue 2 et 1 de National) ont fait appel au Passeport Pro. Ce sont ainsi 50 formations qui ont été réalisées et qui toutes ont été appréciées par les jeunes, qui ont placé en tête les trois modules suivants : le média training, gérer son argent, le contrat de travail…

Enfin, le mouvement Positive Football, lancé il y a un an et demi, a atteint sa vitesse de croisière, accompagnant les joueurs dans leur engagement pour la société ou les aidant à sauter le pas. Plusieurs actions ont déjà été menées et d’autres, beaucoup d’autres suivront…

 

Philippe Piat, de 1969 à aujourd’hui…

 

50 ans…

Mais si cette Assemblée générale n’a pas été tout à fait ordinaire, c’est aussi parce qu’elle marquait les cinquante de présidence de Philippe Piat, qui succéda à Michel Hidalgo en 1969.

Les joueurs présents, les salariés de l’UNFP et les représentants de la FIFPro, dont Philippe Piat est également le président, ont salué cet anniversaire par une standing ovation, alors que l’émotion gagnait celui qui symbolise la défense des droits et des intérêts des footballeurs professionnels en France et dans le monde. Et ce n’est pas fini, à en croire la force de son discours, témoin d’un engagement total, quelques minutes auparavant…

 

La direction de l'UNFP, samedi à Paris...