Et à la fin, ce sont les joueurs qui trinquent !

Posté le 09.08.2022 à 10h22

Pour comprendre comment et pourquoi quelques joueurs bordelais sont, aujourd’hui, livrés par leur président à la vindicte populaire sur fond de baisse de salaire, il n’est pas inutile de revenir, succinctement, sur les différents éléments qui ont conduit les Girondins dans une nouvelle impasse…

Acte 1

N’envisageant pas le possible « accident industriel » consécutif à une relégation sportive, aucune précaution n’avait été prise par les dirigeants dans la rédaction des contrats des joueurs. Il n’y était donc pas fait mention d’une baisse des salaires si le club devait se retrouver en Ligue 2.

Acte 2

Au regard des éléments comptables et financiers, la Direction nationale du contrôle de gestion décide d’une rétrogradation administrative du club au scapulaire en National.

Même à imaginer la Fédération effrayée à l’idée d’un éventuel procès – après que le Tribunal de commerce de Bordeaux a homologué le plan de sauvetage présenté par le club -, la légèreté avec laquelle la FFF va désavouer la DNCG – dont on ne cesse d’ordinaire en France de louer le travail et de vanter les mérites – questionne. Car en permettant aux Girondins de disputer le championnat professionnel de Ligue 2, elle a remis en cause la crédibilité d’une commission indépendante, qui ne prend pourtant jamais ses décisions à la légère…

Acte 3

La DNCG réussit tout de même à imposer l’encadrement de la masse salariale du club bordelais auquel il ne devra pas déroger.

 

Et c’est là que l’on retrouve un Gérard Lopez, tel qu’en lui-même.

Passons sur les manœuvres d’intimidation classique surtout quand elles peuvent, comme ici, servir la science : prouver que les footballeurs ne sont pas solubles sous de hautes températures en faisant s’entraîner à 15 heures, en pleine canicule, les joueurs mis à l’écart.

Et comme si ce traitement de faveur ne suffisait pas, voilà qu’on leur demande désormais – il fallait oser… – d’accepter une baisse de salaire à hauteur de 20%, une « offre » que le club bordelais a formulé également auprès de certains de leurs coéquipiers…

C’est parce que les Girondins dépasseraient les limites imposées par la DNCG que les contrats de leurs trois recrues n’ont toujours pas été homologués et qu’ils en sont ainsi rendus à quémander l’aumône à plusieurs de leurs joueurs, sommés d’abandonner un cinquième de leur salaire, tout en sachant – du moins faut-il l’espérer… – qu’ils ne pourront pas, en cas de refus de leurs salariés, entreprendre une procédure de licenciement économique, qui ne peut pas s’appliquer aux contrats à durée déterminée.

En voulant à tout prix, à n’importe quel prix même, « sauver » le soldat Lopez et le club historique qu’il préside, aujourd’hui enfermé par le Luxembourgeois dans une logique de trading, les instances n’ont visiblement pas pris en considération la condition future des joueurs…

Étonnant, non ?

On imagine aisément la réaction des membres de la Direction nationale du contrôle de gestion devant une situation qu’ils avaient prévue et qu’ils ont logiquement voulu éviter…

Et, comme c’est trop souvent le cas, il s’agit désormais de déplacer les responsabilités vers les joueurs. Car au-delà de la pression exercée en interne, la médiatisation des mesures prônées par le club n’a qu’un but et témoigne de la volonté de Gérard Lopez de faire porter par les joueurs, qui refuseraient de baisser leur salaire, les raisons d’un éventuel naufrage. Victimes, autant que leur club, du système de trading mis en place par leur président, indirectement cautionné par les instances, on les désigne dès aujourd’hui comme les coupables.

C’est tellement facile et tout à fait dans les habitudes de l’ancien patron du LOSC.

Car, à Bordeaux comme ailleurs, quand Gérard Lopez joue, ce sont les joueurs qui trinquent.

 

UNFP

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