Aller jusqu’au bout !
Posté le 31.08.2024 à 10h01Les saisons se suivent et se ressemblent pour les membres de l’UNFP en charge du football au féminin. Mais leur quotidien n’a rien de banal, car les dernières saisons ont été pleines, propices à donner le meilleur d’eux-mêmes, riches des rencontres avec les joueuses et du travail effectué avec elles pour penser le football au féminin de demain, ce qui passait inévitablement par la professionnalisation du statut des footballeuses.
Une nouvelle tournée UNFP des clubs féminins – qui conserve néanmoins l’esprit de partage et d’échange qui fait son succès depuis quelques années – s’est mise en route, la semaine dernière et sa première étape a été Dijon. Suivirent Saint-Étienne, Guingamp et Fleury.
De quoi dresser un premier bilan avec Fabien Safanjon, vice-président de l’UNFP et responsable du football au féminin : » Cette année plus que les précédentes peut-être, nous partagions avec Laurent Pionnier, délégué auprès des féminines, et Sophie Istillart, conseillère en formation pour Europ Sports Reconversion, une part d’excitation supplémentaire à savoir que nous allions nous adresser à des… professionnelles. Certes, il y a de longues années que se sont nouées des relations contractuelles entre les joueuses et leur club, mais le football français n’avait jamais franchi le Rubicon. C’est chose faite et nous sommes, à l’UNFP, habités d’un sentiment de fierté pour avoir participé à cette aventure que nous avons, dès son commencement, souhaité partager avec l’ensemble des joueuses d’autant plus logiquement que nous nous sommes appuyés sur la demande – qu’elles exprimaient toujours plus fortement – de voir leur statut évoluer. Comment aurions-nous pu ne pas porter leurs revendications qui s’inscrivaient parfaitement dans l’idée que nous nous faisions de l’organisation du football au féminin dans un pays qui a remporté plus d’un tiers des Ligues des championnes mises en jeu depuis la création de la compétition européenne… »
Mais pour entretenir le goût des belles choses, encore faut-il que tout le monde joue le jeu et force est de constater que les dirigeants se sont arrêtés au milieu du gué, concernant l’obligatoire accord collectif qui doit préciser les droits et les devoirs des parties en présence. La parité n’est plus ce qu’elle était…
« En la matière, les décisions prises unilatéralement par les dirigeants témoignent de leur volonté de signer un document a minima et, sur certains sujets – salaire, gouvernance, droits à l’image, système de prévoyance -, ils font preuve d’un ostracisme social d’autant plus incompréhensible que cela est accordé aux hommes…
» Bien sûr, sur les questions de grossesse et de maternité par exemple, ils ont fait un grand pas en avant, mais comment auraient-ils ne pas s’inscrire dans leur temps en la matière en refusant d’appliquer ce qui est déjà la norme, parfois depuis longtemps, dans un grand nombre de pays ? Mais en la matière seulement ! Pour le reste, ils ont une définition de l’accord collectif qui nous renvoie des années en arrière : ils n’accordent que ce qu’ils veulent et imposent ce qu’ils ont décidé à l’intérieur de leur propre… collectif. ! »
Mais c’était sans compter, de toute évidence, sur la détermination des joueuses, bien décidées, avec l’UNFP à revoir les termes d’un accord qu’elles considèrent a minima… Et les quatre réunions l’ont confirmé !
» Elles ne demandent pas l’impossible, parce qu’elles ont conscience et qu’elles ont pris la pleine mesure de l’économie du football au féminin. Et ce n’est pas une raison pour que ne s’applique pas l’égalité de droits entre les hommes et les femmes, qui est un principe constitutionnel, et que la loi garantie. Mais le football, malheureusement, n’échappe pas à ce qui reste une réalité dans le monde du travail en France, ce qu’elles n’acceptent pas. Ce que l’UNFP n’accepte pas en continuant à lutter pour que cet accord collectif soit à l’égal, en dehors de certaines spécificités, de ce qu’est la Charte du football professionnel pour les hommes. Et si le combat fait partie intégrante de l’engagement syndical, nous aurions préféré rester sur la voie du dialogue social pour continuer à avancer. En restant sur leurs positions, tout en sachant qu’elles sont rétrogrades, intenables, en refusant de reprendre nos échanges pour que cet accord collectif soit à la hauteur de l’attente des joueuses, les dirigeants n’ont véritablement pas conscience du sale coup qu’ils jouent à la réussite et au développement du football au féminin.
« Tout comme l’UNFP, les joueuses sont bien décidées à le leur rappeler… »
Et il n’est pas question, évidemment, qu’elles puissent attendre aussi longtemps que pour la reconnaissance de leur statut et la mise en place du professionnalisme…