Comme la fusion de Little big man et de Maître Yoda…
Posté le 01.08.2024 à 16h39Lassé d’avoir à vanter la robustesse du tambour de la dernière génération des machines à laver ou la précision d’un rasoir électrique perpétuant la tradition maison ; fatigué de répondre à sa famille et à ses potes qu’il n’a pas de prix sur le réfrigérateur du futur ; saoulé de s’entendre, sur les com obligées de ses premiers montages vidéos oubliés (à moins que ce ne soit l’inverse : com oubliée et montage obligé, lui seul le sait peut-être ?) – opposer, avec une conviction pourtant non feinte, la qualité européenne et le savoir-faire américain à l’invasion asiatique et à des prix tellement bas que cela devait forcément cacher quelque chose; et surtout malade d’être contraint, lui qui est né avec un aigle sur le dos – oui, un petit aiglon et qui n’a guère grandi depuis d’ailleurs, mais un aiglon quand même –, de supporter le PSV Eindhoven – vainqueur en 1988 de ce qui est aujourd’hui la Ligue des Champions au terme de la pire finale de l’histoire de cette compétition- , Philippe Rossi se décida un jour à pousser la porte de l’UNFP.
Où l’on croise deux rescapés, et puis s’en vont…
C’était en 2005. Il avait 28 ans, des abdos à l’avenant, et sur son crâne, souvent recouvert d’une casquette déjà à cette époque, deux cheveux. Les deux derniers, pas des rebelles pourtant, mais des rescapés, qui ont fini par le quitter depuis. Eux aussi.
Il avait déjà pas mal roulé sa bosse (si l’expression n’était pas ainsi faite, nous aurions pu écrire « son crâne », Ndlr), avait toujours fait et aimé le sport (d’où les abdos), avait été membre de l’équipe de France de full contact (d’où les abdos, bis repetita placent), et à l’heure où les touristes envahissaient les travées du stade du Ray – et aujourd’hui celles de l’Allianz Riviera…- ,c’est à dire au début de chaque mois août, il aimait annoncer fermement que le cinquième titre de champion de France pour ses Niçois de coeur , ce serait « à la fin de cette saison !
Peut-être même y croit-il toujours ?
Pour être aussi rigoureux et précis qu’il peut l’être, il convient de préciser que cette phrase – caractéristique d’un humour niçois, on le voit ici sous-estimé et dont Philippe est devenu, à force de répétitions, un ardent défenseur – a pu également être prononcée à la fin du mois de juillet… Et c’est avouer par la-même que nous n’avons pas eu le… temps de vérifier les dates de l’ouverture du championnat entre 1990 et 2023, alors que certaines saisons, l’OGCN a de surcroît évolué en Deuxième division (à s’en arracher les cheveux quand on est supporter, d’où les deux survivants suscités, cachés l’un et l’autre dernière une oreille donc difficiles d’accès).
Heureusement qu’il n’est pas né quelques années plus tôt, l’attente aurait été bien plus longue encore parce que le dernier sacre des Niçois remonte – ne nous en veut pas, Philippe – à 1959, quatre avant que son ancien employeur créé la cassette compacte et le magnétophone qui va avec. Ce qui n’a vraiment ni de rapport, ni d’utilité à être mentionné ici, si ce n’est pour donner à l’auteur l’occasion de se souvenir que c’est sur son K7, caché sous son oreiller comme l’était la radio familiale trônant d’ordinaire dans la cuisine, qu’il avait enregistré les commentaires de Guy Kédia sur RTL, ce jour d’octobre 1974, lorsqu’au cœur du Stade Tata Raphaël à Kinshasa, alors fierté de ce qui était encore le Zaïre, Muhamed Ali est définitivement redevenu le Goat, the Greatest Of All Time.
Où pour la première fois on a évoqué « cette belle aventure humaine… »
Mais pourquoi donc l’UNFP ? Parce que Philippe Rossi avait alors un projet qui s’inscrivait dans sa volonté de donner une nouvelle orientation à sa carrière professionnelle en associant ses deux passions : le sport et la vidéo.
Et pour se lancer, il était persuadé qu’un reportage en immersion au sein de ce qui était encore le stage de l’UNFP, genre « Les yeux dans les Bleus », musclerait sa formation et son CV, mais surtout donnerait de la visibilité à des joueurs qui traversaient une période difficile et qui aimeraient peut-être s’exprimer sur la fragilité des carrières et rappeler que le football n’était pas que strass et paillettes. Et c’est toujours ainsi !
Devenue leitmotiv pour tous ceux auxquels il tend aujourd’hui un micro entre la fin juin et le début août en sa qualité de vidéaste – l’une de ses nombreuses fonctions au sein du staff de l’UNFP Football Club -, il avait alors employé la formule magique – et c’était peut-être bien là la première s’agissant de notre stage -, en exprimant sa volonté de raconter cette « belle aventure humaine ».
Depuis plus d’une dizaine d’années et devenu salarié à plein temps de l’UNFP, il la raconte au quotidien, inondant les réseaux sociaux de résumés de matches, de séances d’entraînement, d’interview d’entraîneurs – y compris ceux des équipes adverses -, de joueurs aussi. S’il fait le boulot – et plutôt très, très bien – c’est en tirant les portraits des joueurs et en s’invitant donc dans leur bulle, qu’il prend le plus de plaisir, qu’il donne du sens à l’action de notre syndicat et trouve la récompense du travail qu’il accomplit – pardon qu’il accomplissait – dès le mois de février avec son complice et compère, Pascal Bollini (qui fut pendant 20 ans le directeur de notre stage), pour que rien ne soit laissé au hasard, parce que, comme il ne cesse de le répéter, « les gars comptent sur nous et il nous est impossible de nous planter… »
Impossible également pour lui de dégager en touche quand certaines situations peuvent paraître sans solution. Au contraire, c’est là qu’il faut donner sa pleine mesure, aider, soutenir si besoin pour éviter que s’invitent le doute et la gamberge. Et pour cela, on peut toujours compter sur lui.
Où l’on assure que « l’objectif des joueurs est aussi le sien… »
« Philippe – quand il ne s’affaire pas à d’autres tâches – filme sans cesse, et pour la troisième année de suite, il est associé à Barkley Miguel Panzo. Ancien footballeur pro qui a participé à notre camp d’entraînement, il se nourrit aujourd’hui de l’expérience et des conseils avisés de Philippe pour continuer à progresser dans le cadre de sa reconversion, disons dans la communication tous azimuts. Lui, je le soupçonne de continuer à shooter ses stories pendant son sommeil. Mais malgré leur omniprésence, il n’y a pas le moindre voyeurisme dans ce qu’ils postent à un rythme soutenu. Et j’ajouterai, pas de pathos dans les commentaires au regard de la situation des gars, pas de mises en scène béates. Et si Philippe cherche toujours à montrer le meilleur visage des joueurs, il ne triche pas pour autant, ce n’est pas dans sa nature, et il sait pertinemment que les clubs, les responsables de cellules de recrutement, les scouts, les entraîneurs et directeurs sportifs et même les agents ne nous le pardonneraient pas.
« Depuis quelques années d’ailleurs, il réalise à la demande de toutes les personnes que je viens de citer mais aussi parce que les joueurs eux-mêmes le lui demandent, des montages à partir des images qu’il filme pendant les matches. Il peut décortiquer le jeu d’un joueur, montrer son niveau physique, mettre sa technique en avant ou montrer sa capacité à s’inclure dans une collectif, à faire ressortir son sens tactique. Et il donne ainsi, via les vidéos qu’il partage, les infos les plus pertinentes sur les gars, ce qui va par exemple du repli défensif au jeu de tête, en passant par les déplacements en phase offensive ou défensive, etc. Et de plus en plus souvent aujourd’hui, il reçoit des demandes précises. Je sais que cela représente beaucoup de travail et pour en avoir souvent parlé avec lui, avant de me faire une raison et de ne plus jamais évoquer le sujet, je connais la réponse à la question que j’ai fini par ne plus lui poser ; ‘‘ C’est pour les joueurs, et moi, pour les joueurs, je ne compte pas. Mais ne t’inquiète Bobo, je ne dépasse pas les limites… »
Comprenez, pas tout le temps…
À la demande du staff, il se transforme aussi en analyste vidéo, et il est tellement professionnel et perfectionniste qu’il a spécialement suivi une formation pour, là encore, donner le meilleur de lui-même au service des adhérents de l’UNFP réunis à Lisses et, pendant le stage, en soutien des entraîneurs qui, eux aussi, sont à la recherche d’un nouveau contrat de travail.
Sans en avoir l’air, il a bien fallu couper la chique à Pascal Bollini, si justement dithyrambique sur son pote, car même les meilleures choses ont une fin, n’est-ce pas Bobo ? Mais il a fallu tout de même lui rouvrir le micro. Pour deux ou trois mots, avait-il promis…
« Philippe doit être pleinement associé à l’évolution positive de l’UNFP FC, ces dernières années. Si nous nous sommes si bien entendus pendant toutes ces années, notre complicité s’est naturellement bâtie au départ sur des valeurs communes comme, pour ne pas toutes les citer, la solidarité, le refus de toutes les sortes de discriminations, l’entraide et la justice sociale, mais aussi pour revenir à l’UNFP FC sur notre volonté partagée de donner les meilleurs outils possibles aux joueurs et à l’arrivée d’augmenter leurs chances de reprendre leur carrière. Je ne pourrai pas dire le nombre d’heures passées tous les deux à parler de notre regroupement estival, à chercher comment faire plus, à vouloir innover sans pour autant changer pour changer, mais en poursuivant un but précis. On ne s’est pas trop mal débrouillé tous les deux. Si Philippe n’a pas été footballeur, il a été sportif de haut niveau et sa connaissance générale du sport est renforcée par une vraie sensibilité à l’adresse des premiers acteurs du jeu. »
Où la colère gronde à l’évocation des chômeurs de l’UNFP…
Mais le départ de son binôme ne pourrait-il l’encourager à passer la main ? Avant même la fin de la question et après secoué sa tête de droite à gauche afin d’éviter d’avoir à qualifier nos propos, Pascal Bollini enchaîne et prend un ton résolument affirmatif : « Je sais qu’il continuera à s’investir à 200 pour cent. Parce que ce qui l’anime, ce qu’il aime, c’est d’être ainsi au service des joueurs et de leur donner les moyens de poursuivre leur carrière. Il faut voir l’enthousiasme dont il fait preuve pendant toute la durée de notre camp d’entraînement, la rigueur – certains appelleraient cela du professionnalisme – dont il ne se départit jamais tout au long de ses interminables journées de travail, son plaisir de bosser en équipe ou sa capacité à avancer seul ni nécessaire. Et puis, comment ne pas ressentir qu’il est réellement heureux, lorsqu’il poste, plus vite que sa petite ombre, la signature d’un joueur sur les réseaux sociaux de notre syndicat. C’est comme si l’objectif des joueurs, qui est de signer un nouveau contrat de travail, était aussi le sien… »
On pourrait parler de cheville-ouvrière, de pierre angulaire, s’agissant de Philippe Rossi. Et même d’un Little big man qui, pour les joueurs, multiplient les rôles et les rounds à l’infini. Il se donne à fond, s’enflamme et a parfois perdu son calme légendaire en ouvrant un journal, surtout – soyons précis et rigoureux – en cliquant désormais sur les sites de la presse nationale ou régionale, spécialisée ou pas et en lisant « les chômeurs de l’UNFP FC ».
« Bien sûr qu’ils sont inscrits à Pole Emploi, comme malheureusement des millions de nos compatriotes. Mais il y a tellement de façons de parler d’un homme, d’un footballeur qu’en les ramenant ainsi à sa seule condition de chercheurs d’emploi ? Je ne comprends pas !»
Voilà quelque temps que « chômeurs » a disparu des titres et du corps des articles, alors même que l’intérêt porté à l’UNFP FC par la presse est grandissant. Philippe a dû trouver les bons mots lors des visites des journalistes à l’Espace Léonard de Vinci à Lisses, sa maison d’été – mais vraiment pas de vacances, il y a Nice et l’Italie pour cela ! – ces dix dernières années.
Où l’on s’interroge sur l’ubiquité et sur un jumeau caché…
Le temps est venu – l’impatience, elle, est arrivée depuis un bon moment – de donner la parole à Barkley, padawan appliqué et curieux, qui n’en finit pas – auprès de chaque personne qu’il rencontre – de louer son mentor, raison pour laquelle nous lui avons demandé d’arrêter de fayoter pour une fois : « Alors que ses journées sont aussi remplies qu’un stade lors d’une finale de Ligue des champions, je me demande comment fait-il pour prendre le temps de faire du sport, entre son footing matinal, ses séances de gainage (dans sa chambre) et de musculation (à la salle) , parfois ponctuées d’un ou de deux sets de tennis ? Tonton, quel est ton secret ? Le don d’ubiquité ou as-tu un jumeau dont tu nous aurais caché, et pour cause, l’existence… »
Pas le moins du monde avare de ses efforts, lui aussi, et toujours prêt à écouter les anciens – un fayot, ça ne s’arrête jamais ! -, Barkley aura-t-il un jour des réponses à ses questions dont il assume le caractère résolument existentiel ?
Ou bien, puisant dans sa sagesse légendaire, à la manière de maître Yoda – à ce stade, l’auteur tient à signaler au personnage principal, oui l’ancien boxeur, que cette comparaison n’a strictement aucun rapport avec sa taille – Philippe Rossi, dans sa grande mansuétude, le renverra à ses stories du jour avec ces quelques mots « N’oublier jamais, tu dois. Et si difficile à voir parce que toujours en mouvement est l’avenir, quand mon âge tu auras, moins en forme tu seras. »
Où l’on ne peut choisir entre Jack Crabb et Maître Yoda…
Laissons de côté sa connaissance encyclopédique de la gamme de son ancien employeur, qui renvoie à leurs chères études les vendeurs des magasins qui vous remboursent deux fois la différence, et attachons-nous à ne considérer que sa force et son courage, identiques à Jack Crabb, plus connu sous le nom de Litlle Big Man, ou encore sa sagesse et son caractère à la … hauteur de Maître Yoda.
C’est ce que nous venons d’ailleurs de démontrer brillamment et le lecteur qui a eu le courage de s’aventurer jusqu’ici en conviendra aisément. Précisons toutefois que l’emploi au singulier du mot lecteur s’entend comme une figure de style, puisque vous êtes désormais plusieurs millions à savoir qui est ce travailleur de l’ombre, lui qui avait toujours refusé jusqu’à maintenant d’être ainsi placé sous les feux de la rampe. Et encore maintenant sans le moindre doute, puisqu’il n’a pas répondu à la question que nous lui avons pas posée pour ne pas risquer d’être renvoyé dans notre coin, sans autre forme de procès.
Et pourtant, il mérite que son engagement soit ainsi reconnu et salué, et nous affirmons haut et fort – sans risque d’être démenti -, qu’il n’a rien à envier aux deux géants hollywoodiens qui nous ont rejoints.
C’est pourquoi nous nous demandions, à l’heure où il nous a falliu trouver un titre à ce portrait sans concession aucune, pas à charge pour autant si ce n’est par les mots de Pascal Bollini – « Un traite est toujours un ami » comme l’avait remarqué Sacha Guitry – pourquoi nous faudrait-il choisir pour qualifier notre faiseur d’images préféré entre celui qui porte un arc et des flèches, le jour où il se veut indien Cheyenne, et un ou deux révolvers le lendemain pour jouer au cow-boy, et celui qui n’a foi qu’en son sabre laser et se dit habité par une force à rendre Superman jaloux. D’ailleurs, ceux qui connaissent bien le community manager de l’UNFP s’accordent à reconnaître qu’il y a bien un peu des deux en lui ?
Et même d’autres encore, paraît-il, qui se plaignent, dit-on, du manque de place…