Charges de travail, un constant alarmant
Posté le 05.09.2024 à 15h03Comme chaque année, la FIFPro, le syndicat mondial des joueurs, a dévoilé les résultats de son étude sur les charges de travail. Sans surprise, le constant est alarmant. La charge de travail des joueurs augmente au fur et à mesure que les compétitions se développent et que les instances dirigeantes manquent à leur devoir de protection des joueurs.
#FIFPRO’s latest workload report reveals the troubling impact of expanding competitions on men’s footballers.
⚠️ 54% of players face heavy workloads
📅 31% played 55+ games last season
🛌 <1 full day off per week for some
🚨 80+ games projected by 2025— FIFPRO (@FIFPRO) September 5, 2024
La FIFPRO, le syndicat mondial des footballeurs professionnels, publie aujourd’hui un rapport qui souligne les préoccupations des joueurs concernant la charge de travail excessive, l’intrusion croissante dans leur vie privée et le manque d’attention portée aux joueurs par les instances dirigeantes du football.
Le rapport 2023-2024 sur le suivi de la charge de travail des joueurs met en évidence le fardeau qui pèse sur les joueurs participant à de multiples tournois internationaux et qui met en péril leur bien-être, leurs performances et leurs perspectives de carrière.
Certains joueurs voient leur temps libre se réduire à 12 % de l’année civile, soit l’équivalent de moins d’un jour complet de congé par semaine, ce qui est contraire aux normes internationales en matière de sécurité et de santé au travail, alors que les organisateurs des compétitions ne se soucient pas de leur bien-être et qu’il n’y a pas de planification coordonnée des calendriers.
Nombre élevé de joueurs touchés par l’absence de réglementation de la charge de travail des joueurs
Le rapport, préparé avec Football Benchmark, révèle que 54 % des 1 500 joueurs contrôlés ont été soumis à une charge de travail excessive ou élevée, un grand nombre d’entre eux dépassant les limites recommandées par les experts médicaux. Plus précisément, près d’un tiers (31 %) des joueurs ont été retenus pour 55 matches ou plus, tandis qu’un joueur sur six (17 %) a fait plus de 55 apparitions. Près d’un tiers (30 %) des joueurs ont subi des séquences d’au moins six semaines consécutives de matches consécutifs (deux matches ou plus par semaine).
Les exigences du calendrier des matches montrent l’impact extrême sur les joueurs du monde entier
Le classement des 10 premiers de ce rapport montre l’importante charge de travail à laquelle les joueurs sont confrontés dans le monde entier.
Les 75 apparitions et les 83 sélections de Julian Alvarez pour Manchester City et l’Argentine au cours de la saison illustrent bien l’impact extrême sur les joueurs.
Un exemple frappant, mais pas rare, est celui de l’international japonais de l’AS Monaco Takumi Minamino, qui n’a bénéficié que d’un jour de récupération après son retour de la Coupe d’Asie avec le Japon, avant de reprendre ses responsabilités avec son club. Cela montre l’insuffisance du temps de récupération et le manque de protocoles auxquels les joueurs sont exposés entre les différentes compétitions.
Certains joueurs, comme Cristian Romero (Tottenham), ont parcouru plus de 162 000 kilomètres rien qu’en voyage professionnel au cours de la saison 2023-24, dont de nombreux trajets à travers plusieurs fuseaux horaires, ce qui met en évidence les exigences des compétitions internationales qui sont souvent négligées par les organisateurs.
Directeur juridique de l’UNFP et secrétaire général par intérim de la FIFPRO, Stéphane Burchkalter que » nous demandons aux instances dirigeantes du football d’intervenir d’urgence et d’établir des règlements et des procédures collectives qui protègent le bien-être des joueurs. Le bien-être physique et mental des joueurs doit être une priorité si nous voulons maintenir l’intégrité du jeu. La cannibalisation du calendrier des compétitions pousse les joueurs au-delà de leurs limites et empiète sur leur vie privée. Nous avons besoin de garanties pour limiter les déplacements des joueurs, leur assurer des périodes de repos et leur permettre une récupération adéquate afin qu’ils puissent atteindre leur meilleur niveau de performance. »
L’augmentation INFERNALE des compétitions est un facteur de risque croissant pour les joueurs
Le rapport montre que les compétitions internationales contribuent de manière significative à la pression qui pèse sur les joueurs. Pour les joueurs ayant une charge de travail excessive (définie comme 55 apparitions et plus), 30 % des matchs étaient des rencontres internationales – avec leur club ou leur équipe nationale – et 15 % avec leur équipe nationale. En raison des multiples compétitions internationales, jusqu’à 18 % du temps de travail annuel total d’un joueur au cours de la saison 2023-24 a été consacré à des camps de l’équipe nationale ou à des tâches de l’équipe nationale telles que des activités médiatiques et de partenariat.
En outre, les perspectives pour les saisons 2024-25 et 2025-26 prévoient une congestion des matches encore plus importante en raison de l’expansion des compétitions internationales. Le nombre de matches joués par les joueurs pour ces saisons devrait atteindre de nouveaux sommets, avec près ou même plus de 80 matches par saison pour certains joueurs, comme Federico Valverde (Real Madrid/Uruguay), Nicolo Barella (Inter Milan/Italie) et Phil Foden (Manchester City/Angleterre).
Absence de contrôle de la santé et de la sécurité au travail
Le rapport souligne la nécessité d’une compréhension globale de ce qui constitue le travail d’un joueur de football professionnel, englobant à la fois les contraintes du club et au niveau international, les exigences de déplacement, le temps de travail et le besoin essentiel de récupération et de repos.
Alexander Bielefeld, directeur de la politique mondiale et des relations stratégiques de la FIFPRO pour le football masculin, a déclaré : » Le fossé entre ceux qui planifient et programment les compétitions internationales complexes et ceux qui les jouent et les vivent n’a jamais été aussi grand, comme l’ont encore souligné les dernières remarques des joueurs et des entraîneurs au début de cette saison. Il est essentiel que nous comblions ce fossé et que nous commencions à donner la priorité à la santé, au bien-être et à la performance des joueurs. »
Les procédures unilatérales des organisateurs de compétitions pour étendre et créer des formats de compétitions internationales ont ignoré les conventions collectives nationales sur le temps de travail ainsi que les exigences de la législation sur la sécurité et la santé au travail (SST), comme la nécessité d’identifier et d’évaluer les risques liés à la vie professionnelle des footballeurs professionnels.
En conséquence, la FIFPRO a commandé une étude indépendante à des chercheurs de l’université belge KU Leuven afin d’examiner de manière critique si et comment les règles et les normes de sécurité au travail sont appliquées dans l’industrie du football. Les résultats de l’étude seront publiés dans les semaines à venir.