La dévalorisation des championnats nationaux est en marche…

Posté le 02.03.2025 à 17h04

Il y a d’abord l’honnêteté de Bruno Genesio, qui, dans la foulée de la défaite du LOSC au Parc des Princes, samedi, a reconnu s’être trompé dans la composition de son équipe et dans la tactique supposée contrer le Paris Saint-Germain.

Il y a eu aussi – et ce n’était donc pas pour minimiser la part de responsabilité qui a été sienne, totalement assumée, on l’aura compris -, ces mots de l’entraîneur lillois pour expliquer en conférence de presse que les choix se sont en majorité imposés à lui.

« Nous avons joué 38 matches, et, pour nous protéger, on nous fait jouer samedi (en championnat, NDLA) et mardi (en Ligue des champions, NDLA). Donc je me soucie de la santé de mes joueurs et j’essaie de composer des équipes qui soient compétitives pour toutes les rencontres. Je ne me voyais pas aligner deux formations identiques, parce qu’il y a beaucoup trop peu de récupération entre les deux rencontres. Surtout avec ce que nous venons de faire depuis début août. »

Ce n’est pas la première fois que Bruno Genesio dénonce ainsi les incohérences du calendrier, comme tellement d’autres techniciens. Tout en se rappelant que la France a été la première à protéger ses clubs en avançant leur match de championnat avant qu’ils s’en aillent défier leurs adversaires européens – elle a depuis été imitée par les autres pays -, il ne s’agit pas ici d’un problème franco-français, même si le refus signifié par la LFP aux Lillois de décaler la rencontre à Paris pourrait pousser à le penser.

 « Le PSG a joué mercredi dernier en Coupe de France, donc avancer au vendredi la rencontre face à Lille n’aurait laissé que deux jours de récupération aux Parisiens, rappelle David Terrier, le président de l’UNFP. Voilà bien le genre de situation ingérable imposée par le calendrier international et que nous ne cessons de dénoncer. »

Ce que la FFF s’est bien gardée, une fois encore, de faire. Son silence assourdissant sur la présente question – alors que la protection des licenciés et l’équité des compétitions font partie intégrantes de ses prérogatives – interroge, même à penser qu’elle ne souhaite pas froisser la FIFA ou qu’elle se cache derrière elle. À moins qu’elle ait décidé d’aborder le sujet ce lundi 3 mars lors des États généraux du football qu’elle a convoqués, sans toutefois y convier tous les acteurs de terrain dans un premier temps. Ce qui laisse à penser qu’elle ne mettra pas le dossier sur la table demain.

 « C’est pourtant là, reprend David Terrier, une nouvelle preuve de l’impact négatif de l’agenda concocté par la FIFA sur les compétitions domestiques. Le CA de la LFP a bien cherché de trouver une solution. En vain ! Au-delà de la santé physique et mentale des premiers acteurs – dont les instances ne se préoccupent guère -, les retombées du système actuel affectent la qualité des matches et l’équité des compétitions. Le choc entre nos deux clubs qualifiés pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions aurait ainsi mérité que chacun puisse défendre ses chances sur un pied d’égalité, ce qui ne remet néanmoins pas en cause, entendons-nous bien, le succès du PSG et sa maîtrise collective.

« Si l’UEFA a musclé sa compétition reine, cette saison, la vampirisation du calendrier par la FIFA continue d’inquiéter plus encore tous les acteurs du jeu. Il faut espérer – mais rien n’est moins sûr ! – qu’elle atteindra son paroxysme avec la Coupe du monde des clubs l’été prochain, car le processus de dévalorisation des championnats nationaux, tant dans leur dimension sportive qu’économique, est aujourd’hui en marche comme nous l’avions prédit.

« Le seul moyen de stopper cette fuite en avant, qui n’est dictée que par l’appât du gain, c’est que la Fédération internationale, comme l’y a fortement engagée la Cour Européenne de justice dans l’arrêt Diarra en octobre dernier, accepte enfin que l’élaboration de son calendrier ne soit plus seulement le fait du prince, mais le fruit d’un travail paritaire avec toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les représentants des joueuses et des joueurs.

« Si nous avons confiance en la justice que nous avons saisie à plusieurs reprises en contestant à la FIFA la légalité de fixer unilatéralement le calendrier international et, en particulier, sa décision de créer et de programmer sa Coupe du monde des clubs en juin 2025, nous n’avons de prise sur le temps judiciaire. Or, il est urgent que les bonnes décisions soient prises pour le bien et la santé des joueurs, pour rééquilibrer les charges de travail à l’intérieur de la profession de footballeurs – alors que le fossé continue de se creuser entre ceux qui jouent beaucoup trop et les autres -, pour la qualité du spectacle, pour l’intérêt et la valorisation de toutes nos compétitions, pour la sauvegarde de nos équipes nationales.

« C’est à la FIFA d’agir en acceptant de laisser à toutes les parties prenantes le soin d’élaborer le calendrier avec elle. »

UNFP

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