Franck L’Hostis : paroles de diplômé…

Posté le 24.09.2020 à 16h44

Il y a deux ans, Franck L’Hostis, gardien de but passé par Monaco, Amiens, Clermont, Le Puy et désormais capitaine de l’US Orléans, s’est lancé un défi : reprendre ses études et préparer sa reconversion, tout en étant en activité. Il fait partie de la dernière promotion du Dugos (Diplôme Universitaire de Gestion des Organisations Sportives). Rencontre avec un tout jeune diplômé…

« Franck, qu’est-ce qui t’a incité à suivre la formation du Dugos ?

Il y a deux ans, j’avais commencé à partager mes envies et mes idées de reconversion avec Juan Herrero, conseiller d’Europ Sports Reconversion, l’un des services de l’UNFP. Il avait alors évoqué cette formation. Elle correspondait à ce que je recherchais. Juan l’avait compris et m’avait alors fortement encouragé à la suivre. J’avais aussi discuté avec certains de mes coéquipiers qui avaient réalisé cette formation, et je n’avais eu que des bons retours !

Tu as donc décidé de sauter le pas…

J’ai ensuite échangé avec Guillaume Stéphan, le référent du Dugos au sein de l’UNFP, qui a détaillé par le menu tout l’accompagnement dont nous pouvions bénéficier, ce qui a fini par me convaincre. C’est une formation exigeante, qui nécessite un certain degré d’investissement personnel. Je m’y suis engagé à fond, avec beaucoup d’envie et de motivation. Et je n’ai pas été déçu !

Comment la formation se déroule-t-elle concrètement ?

Nous avons sept modules à suivre et un mémoire à rendre à la fin du programme de formation de deux ans. Tous les trois mois, nous réalisons un dossier, qui correspond au thème du module suivi. Des exercices intermédiaires à intervalles réguliers nous permettent de savoir si nous sommes dans la bonne direction. Nous recevons les cours sur format papier, mais nous pouvons aussi les consulter sur la plate-forme numérique de l’université. Nous sommes d’ailleurs très bien accompagnés par les professeurs de l’université, qui sont à notre écoute, toujours prompts à répondre à nos questions, à écouter nos réflexions, à entendre nos remarques particulières. Et ces échanges nous permettent de ne pas perdre le fil et d’avancer sereinement.

Tu as beaucoup appris pendant ces deux années ?

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette formation, c’est que nous réalisons des dossiers en nous appuyant sur le club dans lequel nous évoluons, sur sa structure et sur ses moyens. Le travail repose sur une thématique particulière, comme l’évènementiel par exemple. Il nous faut alors établir un constat, réfléchir à des améliorations et à la manière les mettre en place. J’ai appris énormément de choses, et cela m’a permis d’avoir une autre approche, de poser un autre regard sur l’organisation d’un club. Au passage, je tiens à remercier énormément le Puy Foot, club familial par excellence, et ses dirigeants qui n’ont pas hésité à m’ouvrir leur porte pour réaliser au mieux cette formation.

Comment t’es-tu organisé avec ton quotidien de footballeur ?

Assez simplement, finalement. Nous avons été briefés au début de la formation sur le temps moyen que nous devions y consacrer : une heure par jour, soit sept heures par semaine en moyenne. Un footballeur a quand même beaucoup de temps disponible, donc je travaillais essentiellement durant les demi-journées où je n’avais pas entraînement. Certaines semaines étaient plus chargées que d’autres. Nous avions pas mal de recherches à effectuer, il ne fallait pas perdre de temps à niveau-là pour pouvoir travailler ensuite sur les dossiers. C’est une organisation à mettre en place, mais une fois que l’on a trouvé le bon rythme et le bon équilibre avec les obligations sportives, cela ne pose pas de problème. Pour moi, en tous les cas, cela s’est très bien passé.

Était-ce compliqué de reprendre les études quand on a arrêté pendant une dizaine d’années ?

J’avais arrêté les études après l’obtention du Bac et cela n’a pas été évident de m’y remettre, je reconnais. Mais avec du sérieux et de la rigueur, j’ai vite compris que cela était largement faisable. Le premier mois a été le plus compliqué : j’avais une date butoir pour rendre mon premier dossier. Je pensais avoir le temps, mais je n’en disposais pas plus que cela. Car les recherches demandent beaucoup de temps et je n’avais pas pris en compte ce paramètre. J’ai très vite compris qu’il ne fallait pas traîner en chemin. Passé cette remise en route, obligatoire, j’ai ensuite pris beaucoup de plaisir à suivre cette formation, d’autant plus que son contenu n’est pas du tout rébarbatif, bien au contraire, même. Elle nous permet de nous ouvrir sur l’environnement extérieur du milieu du football, mais pas seulement. C’est très instructif.

Pourquoi avoir fait le choix de préparer ta reconversion en étant encore en activité ?

J’ai débuté la formation à 28 ans, car je n’avais tout simplement pas envie de perdre du temps pour préparer ma reconversion. Comme je le disais, nous avons beaucoup de temps disponible sur une semaine et je voulais mettre cette disponibilité à profit pour commencer à préparer la suite de ma carrière. J’ai connu le chômage en 2017 et c’est sûr que cela fait réfléchir. J’ai pris conscience que tout va très vite dans ce milieu, dans un sens comme dans l’autre. Et puis les conseillers de l’UNFP nous incitent, à raison, à passer des diplômes, à suivre des formations sans attendre la fin de l’aventure sportive… Tout cela a mûri ma réflexion. C’était le bon moment pour moi. Et cela l’a été d’autant plus que le travail à fournir dans les derniers mois de la formation m’a permis de supporter la période de confinement en occupant mes journées. C’était comme une bouée de sauvetage… Plutôt que de cogiter et de tourner en rond à longueur de journée, j’étais focalisé sur un but : valider mon diplôme !

Comment envisages-tu ton après-carrière ?

Avant de suivre la formation, j’avais certaines envies, mais c’était encore flou. Ces deux années m’ont permis de mûrir un projet, de me donner des compétences que je pourrai adapter au milieu du football, mais pas seulement, comme la création et la gestion d’une association, par exemple. Le football reste ma passion et j’aimerai rester dans ce milieu. J’ai l’idée de créer une école spécialisée pour les gardiens de but. Au-delà de l’aspect sportif, cette formation m’a éclairé sur tous les aspects auxquels je devrai penser autour de ce projet :  l’administratif, la gestion, l’événementiel ou encore la communication.

Quel message pourrais-tu donner aux joueurs qui hésiteraient à reprendre les études ?

Il faut dépasser les barrières supposées sur notre capacité à reprendre des cours après un long arrêt. La clé, c’est la motivation personnelle. Si je prends l’exemple du Dugos, c’est une formation qui demande un certain investissement, on ne peut pas être dilettante. Je l’ai suivie à fond, c’était un challenge personnel et j’ai été comblé au-delà même de mes espérances.

Un dernier mot ?

Il est important de souligner à nouveau que nous sommes accompagnés tout au long de cette formation, que ce soit par Guillaume Stéphan de l’UNFP ou par l’équipe pédagogique de l’Université de Lyon. Ce que je retiens particulièrement de cette formation, c’est qu’elle nous ouvre sur l’extérieur, nous permet de mieux appréhender, de mieux comprendre le fonctionnement d’un club de football, en fonction de sa structure et de ses moyens. J’ai appris à analyser des choses auxquelles je n’avais jamais fait attention en tant que joueur, j’en ai regardées d’autres sous un angle différent. C’était vraiment une très belle expérience et j’espère que beaucoup, comme moi, pourront la vivre demain. Je le leur conseille ! »

Recueillis par Philippe Rossi.