L’impératrice Eugénie, quinze ans de règne avec l’OL et puis s’en va…

Posté le 14.05.2025 à 20h04

Ce n’est pas seulement une page de l’histoire de l’Olympique Lyonnais qui va se tourner à la fin de la saison. À quelques jours de son trente-sixième anniversaire, MADAME Eugénie Le Sommer a annoncé, via une vidéo postée sur ses réseaux sociaux, qu’elle ne renouvellerait son contrat à l’OL. Quinze ans, trente-trois titres, dont huit Ligues des championnes, treize titres de championne de France, neuf coupes nationales, le bilan chiffré donne le tournis et rappelle que la native de Grasse possède l’un des plus beaux palmarès du football et du sport français.

Mais Eugénie Le Sommer, c’est bien plus que cela…

Continuons, malgré tout, à effeuiller les statistiques de cette incroyable attaquante et buteuse, qui débuta sa carrière au Stade Briochin, en 2007, puis vit sa vie sportive prendre une toute autre dimension à la suite d’un appel qui restera à jamais ancré dans sa mémoire : « Je n’oublierai jamais ce coup de téléphone en 2010, celui de Jean-Michel Aulas qui me demandait de rejoindre l’Olympique Lyonnais. Je ne savais pas à quel point cette aventure allait me marquer, j’étais jeune mais ambitieuse et déterminée. »

Meilleure buteuse de l’histoire de l’OL, deux fois vainqueur du classement des meilleures buteuses du championnat (2012, 2017… Et trois fois, si l’on ajoute 2009-2010 avec le Stade Briochin), un Trophée UNFP de la meilleure joueuse de la saison en 2015 (en 2010, lorsqu’elle le remporta également, elle était encore à Saint-Brieuc), n’en jetons plus la coupe en pleine.

Et fort logiquement, elle a mis aussi son exceptionnel talent au service de l’équipe de France : deux cents sélections et 94 buts, deux records encore, femmes et hommes confondus, mais pas de titre avec les Bleues. Forcément, son seul regret… À moins que le prochain Euro, en Suisse au mois de juillet, lui apporte cette consécration, si elle retenue par Laurent Bonadei.

Dix-huit ans au plus haut niveau, cela suffit à qualifier son professionnalisme, sa rigueur pour ce métier qu’elle aime, qu’elle poursuivra certainement sous d’autres cieux – mais lesquels ?. Un métier pour lequel cette coéquipière exemplaire n’a jamais hésité à s’engager,faisant preuve, au passage, d’une belle solidarité. Eugénie aurait pu se laisser porter par les conditions privilégiées, sportives, structurelles, contractuelles qui étaient les siennes à l’OL, mais ça n’a jamais été dans la nature de cette gagnante dont la combativité s’est toujours exprimée sur et en dehors du terrain.

2010-2011, sa première saison à l’OL…

 

En-ga-gée !

Si elle a travaillé à améliorer les conditions de travail pour l’ensemble des joueuses, si elle a souhaité que ce soit reconnu le métier de footballeuse, si elle a, de tout temps, milité pour le professionnalisme, pour la protection sociale des joueuses, si elle s’est donc battue surtout pour les autres – et ces derniers mois encore pour la mise en place d’une Convention collective digne de ce nom , c’est aussi avec l’idée de voir progresser le football au féminin en France : avec de meilleures conditions de travail, avec une protection sociale à la hauteur de l’investissement des joueuses, avec des contrats de travail cohérent, notre football féminin aura les moyens de lutter avec les autres pays (l’Espagne, l’Angleterre…) qui, longtemps distancés, font désormais la course en tête…

Cet engagement constant lui a, logiquement, ouvert les portes du Comité directeur de l’UNFP, première femme élu en octobre 2018 (elles sont désormais trois), toujours réélue depuis, et même secrétaire générale de notre syndicat depuis 2020. Et il ne faut pas croire qu’Eugénie Le Sommer ne prend la parole que lorsque les discussions portent sur le football au féminin. Ce serait encore mal la connaître.

Au-delà de ce parcours syndical, elle a souvent répondu – toujours, c’est impossible, au regard des sollicitations ! – présente pour diverses actions sociétales, n’hésitant pas à mettre tout le poids de sa renommée – d’ailleurs, qui n’aime Eugénie Le Sommer ? – pour défendre, à travers de nombreux engagements les valeurs qui sont les siennes.

 

Dernièrement, il n’y a pas eu besoin de plus d’une seconde pour la convaincre de rejoindre le Comité de solidarité de l’UNFP, créé en mars…

Sportive émérite, citoyenne engagée, Eugénie Le Sommer, c’est ce que le football, qu’il soit masculin ou féminin, nous offre de mieux. Il n’est pas une joueuse de l’OL et des Bleues, présente ou passée, un supporter des Fenottes ou de l’équipe de France, un président Aulas ou un salarié de l’UNFP qui pourrait prétendre le contraire.

Merci Eugénie pour ce que tu es, pour ce que tu représentes sur et en dehors du terrain. Le football français dans son ensemble, les joueuses et l’UNFP en particulier, t’en seront à jamais reconnaissants.

Et à très vite pour de nouvelles aventures, puisque tu n’as fini de nous enchanter sur l’herbe verte, de nous surprendre, de défendre tes valeurs, de combattre pour les autres !

 

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